Éditorial : 62 ans après, la RDC peine à se relever.

Soixante et deux ans.
Soixante deux ans depuis que le pays accédait à la souveraineté nationale et internationale.
Soixante deux ans depuis que Patrice Emery Lumumba avait prononcé, devant les autorités belges, ce discours pour l’indépendance, ce discours qualifié, par tous, de signature de son arrêt de mort.

«…cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin a l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force… »

Ce soixante deuxième anniversaire de l’indépendance de la RD Congo est marqué par la restitution de la relique de Lumumba à l’Etat congolais.

Une dent.
Une dent qui aurait été gardée pendant soixante et deux ans par un des bourreaux du père de l’indépendance congolaise, assassiné avec deux de ses proches.
Même si celui qui a tué Lumumba, dans une vidéo devenue virale, a déclaré qu’il avait, pris des remords, jeté cette dent dans un fleuve,
Même si pour plusieurs, cette dent prête à confusion, car rien ne prouve qu’elle appartenait réellement à Lumumba, et à l’absence d’un examen ADN, l’Etat congolais s’est saisi de cette occasion pour organiser, enfin, les obsèques du Tout Premier premier ministre de la RD Congo.
Récupération politique !

Des millions de dollars américains ont été décaissés des caisses de l’Etat.
Des millions de dollars pouvant servir dans d’autres secteurs de la vie au quotidien misérable des congolais.
C’est à croire que la RD Congo accorde plus d’importance aux cadavres qu’aux vivants. Des millions se décaissent facilement pour les obsèques que pour le social des vivants. Le cas des obsèques de Lumumba n’est pas unique. Plusieurs autres l’ont précédé.

Si les obsèques de Lumumba dominent l’actualité en ce soixante deuxième anniversaire, le pays traverse, cependant, l’une des périodes les plus sombres de son histoire.
Corruption
Procès quasi théâtralisés
Médiocrité du social
Dépravation des mœurs
Infiltration de l’armée et autres services stratégiques,
Lutte pour la conservation du pouvoir à tous les niveaux,
Trahisons sur les champs de bataille décriées par ceux là même qui se battent pour nous défendre et défendre le territoire national,
Et surtout l’éternelle guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo, et cette menace de balkanisation.

Soixante et deux ans, durant, la RD Congo semble encore incapable de défendre son intégrité territoriale et subvenir aux besoins de son peuple.
La RD Congo, ne sachant à quel Saint se vouer, recourt aux autres pour défendre ses terres. Elle devient quasiment la risée de tous.
La RD Congo recourt même à la Namibie, ce pays qui n’a presque rien, pour s’approvisionner en poissons chinchards.
Que faisons nous de tous ses fleuves et cours d’eau qui inondent le pays ?

On se moque de ce géant, de ce colosse affaiblit et agressé de toutes parts par ses voisins. Les congolais oublient, sans nul doute, la citation chère à Louis Gauthier ? « On ne libère pas un peuple, un peuple se libère lui-même ».

« Qui veut la paix prépare la guerre », disait l’officier prussien Clausewitz.

Mais on a la nette impression que la RD Congo veut la paix en pillant ses propres ressources naturelles, en violant, au quotidien, les droits de son propre peuple, en cherchant à tout prix à faire taire les voix qui s’élèvent pour crier justice, en se partageant le gâteau entre « évolués », en regardant impuissante le processus de balkanisation de son territoire.

Au lieu de protéger cette indépendance « chèrement acquise » par ses pères, la RD Congo demeure dans une dépendance à la dépendance.
Toutes les routes sont dans un délabrement très très avancé,
Les usines, qui jadis faisaient la fierté de ce géant, ne tournent presque plus ou plus,
Le niveau de l’enseignement est au rabais,
L’eau et l’électricité sont devenues des denrées rares auxquelles plusieurs n’ont pas accès,
Le banditisme, les vols à mains armés, les kuluna, les maibobo, fruits de notre mauvaise gestion et égoïsme, refont surface.

Au regard de la situation actuelle de la RD Congo, les congolais devraient avoir honte de célébrer avec faste ce jour mémorable.
Honte de ne pas être capables d’honorer la mémoire de son héros national
Honte de se comporter toujours comme cet enfant qui est battu par ses copains et qui revient en pleurant vers sa mère, cherchant secours et refuge,
Honte de devenir, aujourd’hui, la risée de tous.

Qu’avons-nous fait au bon Dieu ?

La situation est critique, pire, invivable, à tel enseigne que certains congolais préfèrent retourner à la colonisation. Il paraît que les gens mangeaient trois fois par jour à cette époque.

Quand est-ce que les congolaise mettront en pratique ces vers de leur hymne national ?

« …Dressons nos fronts, longtemps courbés et pour de bon prenons le plus bel élan,… »

Vivement l’indépendance.

Ma Gloire BOLUNDA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close

Catégories

error: Content is protected !!