KISANGANI : Que pensent les Boyomais de la langue maternelle?
Une langue est un instrument de communication au service d’une communauté. Elle est une réalisation d’un système des signes verbaux. C’est à partir de la langue que les gens ou les personnes entrent en communication. Tandis que la langue maternelle est une langue que l’enfant apprend auprès de sa mère, une langue qu’un enfant maîtrise avant de connaitre les autres langues. Certaines personnes rencontrées au centre-ville de Kisangani allèguent que la nation congolaise est en train de perdre sa valeur linguistique car elle utilise une langue étrangère comme langue maternelle au lieu de recourir à ses différents dialectes. En marge de la célébration de la Journée Internationale de la Langue Maternelle célébrée chaque 21 Février, les boyomais se sont exprimés.
«…Nos enfants et nous-mêmes perdons notre valeur linguistique. Vous pouvez arriver dans un foyer et vous observer. Vous verrez que tout le monde parle français et pourtant la langue française n’est pas notre langue maternelle, bien que ce soit une langue officielle. Nous devons apprendre à nos enfants nos langues et dialectes…Comment est-ce possible qu’un congolais de 50 ans ne sache pas dire bonjour en son dialecte ?…Nous souhaiterions voir nos langues revalorisées, mais c’est un peu compliqué car nous sommes les premiers à apprendre et à obliger à nos enfants à parler en français. Je me demande si c’est une valeur ou une faiblesse ? Nous demandons aux autorité de s’investir vraiment pour la valorisation de nos langues … », pensent certaines personnes rencontrées dans les rues de Kisangani.
Selon le professeur Roger CHEKO, docteur en linguistique, il est difficile de faire l’état des lieux de la langue maternelle dans la ville de Kisangani en particulier et dans la province de la TSHOPO en général, car chaque foyer a sa propre langue maternelle. Ce dernier invite la population de la ville de Kisangani à privilégier toutes les langues.
« …C’est un peu compliqué, il faudrait faire un recensement foyer par foyer pour arriver à donner de conclusion comme quoi, la population boyomaise s’exprime en langue maternelle, ça dépend…C’est une notion un peu compliquée, très difficile même, surtout je trouve les africains, ils souhaitent que leurs enfants à la maison s’expriment en français, soit en anglais et là on conclurait directement que l’enfant est très intelligent. Les parents se réjouissent lorsque leurs enfants s’expriment en français lorsqu’un visiteur arrive chez eux, ils pensent que la langue française dépasse toutes les autres langues. Pourquoi ne pas apprendre aux enfants nos quatre langues nationales si possible ? La langue française n’est pas la seule langue de prestige comme pensent certains. Le lingala, le swahili comme toutes les autres langues les sont aussi… », a-t-il précisé.
La journée internationale de la langue maternelle a été célébrée pour la toute première fois, le 21 février 2000, avec comme message : faire prendre conscience à tous les peuples de la valeur des langues et préserver les langues en tant que patrimoine partagé de l’humanité. La Journée Internationale de la langue maternelle est une journée déclarée par l’UNESCO afin de mettre au premier rang les efforts de l’organisation pour promouvoir la diversité linguistique et l’éducation multilingue.