L’alternative au dialogue, c’est la guerre! (Tribune de José Nawej).

Pas de dialogue avec le M23. Les propos du numéro 1 rd congolais sont aussi clairs que l’eau de la rivière Ruzizi. Pas donc besoin d’exégètes pour une explication des textes. Pas la peine non plus de recourir aux spin doctors et autres griots du Régime pour le service après – vente du niet en béton du chef de l’Etat.

Au demeurant, on ne peut s’empêcher de relever la cohérence entre la fermeté présidentielle et la qualification du M23 par Kinshasa. A savoir un mouvement terroriste. Or, par définition jurisprudentielle, un gouvernement ne négocie pas avec une entité terroriste. A moins d’absoudre cette dernière.

En disant non au dialogue avec le mouvement pro rwandais , le Président Tshisekedi se met aussi en phase avec l’écrasante majorité des Congolais dépités voire révoltés par ces agressions- rébellions à répétition avec invariablement au bout de la chaîne mortifère …l’intégration des rebelles au coeur du pouvoir d’Etat et de l’Armée. La fameuse prime à la guerre.

Voici un quart de siècle que ce cirque tragique dure. Au grand dam des Congolais de l’Est du pays transformés en chairs à canon et qui se demandent combien de fois ils seront » libérés » et qui viendra les libérer de ces » libérateurs – tueurs et pilleurs »?

Le hic c’est qu’en s’opposant non sans pertinence aux pourparlers avec le M23, le chef de l’Etat n’a plus qu’une option : celle de la force. La guerre étant la continuation de la politique – en l’occurrence de la diplomatie- par d’autres moyens, disait .le généralissime et théoricien militaire prussien Clausewitz.

Quel est ce Congolais normalement constitué qui trouverait à redire si enfin Kinshasa se résolvait à opposer un rapport de force militaire à ces rebelles et ipso facto à leurs soutiens rwandais et…ougandais ?

Le problème, c’est qu’en fermant à double tour la porte du dialogue, le Président Tshisekedi rebat les cartes diplomatiques en remettant le compteur à zéro.

D’autant que tout l’investissement diplomatique en cours incarné par les deux processus de Nairobi et de Luanda ont pour finalité » le dialogue politique »entre Kinshasa et les groupes armés y compris voire au premier rang desquels le M23. Ce mouvement qui est à la fois la face visible de l’agression et la « caution congolaise » à la vaste razzia des ressources dans l’Est de la RDC opérée par le Rwanda et l’Ouganda – deux pays de l’EAC – soutenus et/ou instrumentalisés par certaines officines anglo- saxonnes.

Reste à savoir comment les chefs d’Etat de la région et, plus prosaïquement, ce que l’on désigne par commodité de langage » communauté internationale » vont réagir au non du Président rd congolais.

A l’interne, cette position – à moins que ce ne soit une posture- postule que Kinshasa prenne totalement et entièrement en charge la défense du territoire. Elle commande aussi une union patriotique – la vraie – autour de la cause sacrée qu’est la défense du pays. A en juger par la gestion encore partisane, clientéliste et nombriliste de l’Etat, pas sûr d’imaginer les forces sociales et politiques de la Nation faire chorus. D’autant moins que la perspective de décembre 2023 amène le Pouvoir à entonner la chanson fétiche » J’y suis, j’y reste » avec tout ce qui va avec. Pas sûr non plus de voir les oppositions, plus enclines à considérer le M23 comme un moyen de pression sur le Régime Fatshi, souscrire à la démarche du Président candidat.

En un mot, s’il est facile à articuler, le » non à tout dialogue avec le M23″ est lourd de conséquences.

José NAWEJ

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