Non au tribalisme : des actes et non des slogans (Tribune de José Nawej)

Les tensions intercommunautaires dans le Katanga prises enfin en charge au sommet de l’Etat. Garant constitutionnel de l’unité nationale, le Président de la république ne pouvait longtemps faire le service minimum sur un sujet ultra- sensible. Le chef de l’Etat entend réunir des représentants des communautés katangaise et kasaienne vivant dans l’espace Katanga.

En attendant ce forum, des messages d’apaisement abondent. Des slogans déclinant le » non au tribalisme » sur tous les tons sont récités par cœur et en chœur par toutes les bonnes âmes que compte le pays. On ne que peut s’en féliciter.

Le tribalisme, tous ses ersatz et même ses dérivés sont humainement, moralement, éthiquement, religieusement et, last but not least constitutionnellement inadmissibles. En l’occurrence, pour un pays-mosaïque comme la RDC, la haine tribale est le poison par excellence contre la cohésion nationale.

Reste qu’il ne suffit pas de s’insurger avec haut-parleur contre cette antivaleur à la manière très zairo-congolaise des slogans. Il ne suffit pas non plus, pour se donner bonne conscience, de préempter une posture victimaire en ne voyant que la paille dans l’œil du voisin et sans voir la poutre dans le sien.

En l’espèce, dire non au tribalisme c’est bien. Mais, poser des actes au quotidien qui renforcent le vouloir vivre ensemble, c’est mieux. Et ce, à tous les étages de la société.

Est-on sûr par exemple que dans le processus des nominations dans l’appareil d’Etat rien qui ressemble à de la préférence tribale ne transparaît ? Est-on sûr qu’en fermant les yeux sur des incivilités de masse qui heurtent des consciences on contribue à la promotion du nécessaire vouloir vivre ensemble ? Est-on sûr que le meilleur moyen de faire de la politique est de surfer sur les tensions intercommunautaires, banalisant ainsi la stigmatisation tribale ? A-t-on tiré les leçons des événements tragiques antérieurs étant entendu que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?

Il y a suffisamment d’alertes pour continuer à jouer avec le feu. Les tenants de la politique de la terre brûlée qui, sont déjà à l’œuvre dans l’Est du pays, ne verraient pas d’un mauvais œil le basculement du Katanga dans des violences intercommunautaires. Du pain béni en perspective pour tous les prédateurs qui parient sur l’implosion du Congo-Kinshasa, trop vaste à leurs yeux pour faire un seul et même pays. Longtemps programmée, la balkanisation pourrait venir de là où on s’y attend le moins.

Dans ce contexte, faire du simple affichage contre le tribalisme, sans s’interroger sur les ressorts, les causes de l’accroissement du » nationalisme tribal » équivaut à faire la politique de l’autruche. Le pays a plutôt besoin des hommes et des femmes qui regardent la réalité objective en face et tâchent d’y apporter des solutions porteuses d’harmonie sociale et sociétale, seul antidote aux velléités communautaristes en cours.

José NAWEJ

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