PORTRAIT : « J’ai toujours fait du théâtre que ça soit consciemment ou pas parce que la vie en soi c’est du théâtre ».(Linca Lyca)
Elle est comédienne, metteure en scène, scénographe et régisseure lumière. Elle dirige la Compagnie Ouf de Bujumbura, au Burundi. Détentrice d’une licence en ingénieure des réseaux, du haut de ses vingt et cinq ans, Linca Lyca est une opératrice culturelle très connue au Burundi.
Le vrai élément déclencheur, à l’entendre dire, est le slam, l’expression, l’envie d’exprimer son ras-le-bol, de communiquer, d’exposer au monde son point de vue. Ce qui, pour elle, n’était pas possible avant car trop timide est enfermée sur elle-même.
« …le théâtre m’a apporté le vrai moi, il m’a exposé face à moi même, il m’a façonné. Il m’a apporté l’éducation, le divertissement, la joie de communiquer avec l’univers. Avec le théâtre j’ai appris à faire face à beaucoup de choses et à tourner la page quand il le faut. Je crois fort au théâtre, en l’art et en la culture … »
Linca Lyca a commencé le théâtre toute jeune à l’école primaire. Mais c’est depuis six, en 2015, qu’elle se lance dans le théâtre d’une manière professionnelle et fait un avec cet univers qui est le théâtre.
« ..J’ai toujours fait du théâtre que ça soit consciemment ou pas parce que la vie en soi c’est du théâtre… »
En Afrique, le monde théâtral ne laisse pas beaucoup d’opportunités. Les artistes sont considérés comme des enfants pauvres. Mais Lyca croit fort en l’être Humain, en elle et en suivant d’autres modèles qui se sont battu(e)s et se battent toujours afin de vivre de leur Art..
« …rien n’est facile dans la vie. Tout est épreuve. Quoi de beau que de faire ses preuves dans un domaine ouvert, artistique et qui te permet d’être toi face au monde. Cette question m’arrache toujours un sourire… »
Elle ne se sent nullement complexée devant les hommes. Pour preuve, elle est comédienne, metteure en scène, scénographe et régisseure lumière, et assume totalement ses casquettes que ça soit devant les hommes ou les femmes.
« …ça pourrait paraître beaucoup ou lourd comme certains le pensent mais bon tout ça fait de moi qui je suis aujourd’hui. Le complexe existe au moment où l’infériorité fait face. Ce qui n’est pas encore le cas chez moi car le plus important ce n’est pas l’infériorité ou la supériorité, le plus important c’est l’humanité et j’ai la chance, l’opportunité ou le hasard d’être entouré des personnes qui croient plus en l’humanité qu’en l’infériorité ou la supériorité…. »
Pour Michael Roberto Molisho, un artiste évoluant au Burundi, Lyca est l’une des femmes qui ont impacté le monde théâtral dans ce pays. Selon lui, c’est l’unique femme régisseur. C’est ce qui fait d’elle une inspiration pout toute une génération de jeunes filles.
« …à part sa casquette d’artiste, c’est aussi une grande activiste des droits de la femme. Une part d’elle que l’ont retrouve dans toutes ses créations. c’est l’un des pilliers du théâtre burundais maintenat et même à venir… »
Dans son parcours, elle garde des bons souvenirs, notamment les rencontres qu’elle a fait et continue de faire.
« …des rencontres qui vont au delà des frontières, au delà des cultures, au delà des différences… »
Chaque jour quand elle se réveille, elle a un vœu qui la ronge. Elle voudrait voir le monde devenir meilleur via le théâtre. C’est de voir que le théâtre est considéré comme un vrai métier et non un domaine pauvre et que les théâtreux puissent vivre facilement de leur art.
La Rédaction