RAM comme « rien à manger « ! (Tribune de José Nawey)
RAM par-ci, RAM par-là. Les travées de l’Hémicycle ont même failli être transformées en ring de boxe, dojo de karaté, de judo ou terrain de « libanda » -c’est selon- à cause de RAM.
Dans les universités publiques de Kinshasa, RAM a rendu rares, voire rarissimes les syllabus. Premiers producteurs et…exportateurs des syllabus, les professeurs ont dû mettre la clé sous le paillasson. La raison ? RAM charrie du wifi gratuit. A partir de là, chaque étudiant peut télécharger tous les cours ! Plus besoin d’acheter les syllabus! Ce CQFD -ce qu’il fallait démontrer- avait été articulé à haute et intelligible voix en lingala par « notre Fatshi national » en personne sur le campus universitaire de l’UPN.
Problème, wifi rime avec courant électrique. Or, les étudiants continuent à ramer pour avoir du courant. Même pour conserver les rames- pour la poignée de camarades O privilégiés – du très populaire Mpiodi ou Thomson. La magie RAM montre, donc, ses limites. Si bien que les étudiants paient au prix fort la gratuité signée RAM. Elle leur pose plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Comme investie du don d’ubiquité, RAM est aussi à l’œuvre voire à la manœuvre dans la gratuité de l’enseignement fondamental dans les écoles publiques. Là aussi, responsables d’établissements scolaires éligibles à la gratuité et enseignants ne savent pas dans quelle rame du train estampillé » gratuité » se trouve RAM. Les directeurs d’écoles qui n’en finissent pas de ramer pour faire tourner leurs « boîtes » et les enseignants pour suppléer le GAP consécutif au désengagement des parents ont des comptes à demander à RAM.
Des comptes? C’est justement ce que les utilisateurs quotidiens des téléphones portables demandent à RAM. Cette majorité silencieuse qui n’a que faire du wifi. Double peine pour le congolais lambda dont le crédit sert juste à des appels de survie.
Alors, « impôt« , « taxe« , « redevance« … ? Débat entre économistes et autres cols blancs qui parlent de la macro et de la micro-économie. L’homme de la rue n’en a rien à cirer. Lui qui, avant et après RAM, continue à ramer pour survivre. RAM, ce sigle -de trop- lui paraît même ésotérique. Comme tous ces sigles et abréviations des partis, plateformes, associations… que les acteurs politiques et leurs succédanés retranchés dans la société civile produisent journellement au gré de leurs intérêts.
Et si s’inspirant du célèbre RAS comme « Rien à signaler« , RAM devenait « Rien à manger » ? Dans le contexte rd congolais, ce ne serait pas ramer à contre-courant.
José NAWEJ