RDC : Inflation, détérioration des conditions socioéconomiques, le Prof Bily Bolakonga y voit un flash-back cauchemardesque sur les années précédant la chute de Mobutu.

La dégradation quotidienne de la situation socioéconomique du pays devient un lot commun. Chaque jour qui passe conforte l’impression que ce pays n’est pas gouverné !

Pour le Professeur Bily BOLAKONGA, chef de département d’économie agricole à l’IFA-Yangambi, la dépréciation du franc congolais face à la monnaie de référence, le dollar américain épouse une tendance inquiétante. Aujourd’hui, il faut compter 2020 Francs Congolais pour s’adjuger 1 seul dollar.

La quasi-totalité des indicateurs socioéconomiques virent au rouge, éloignant davantage, ne serait-ce que l’illusion d’un changement positif tant espéré et clamé dans des discours qui se révèlent finalement être pires qu’une démagogie classique. Le salaire déjà minable des fonctionnaires de l’État est, depuis un certain temps, payé largement en retard. De nombreux fonctionnaires s’inquiètent déjà d’une éventuelle disparition des mois entiers de salaire, au regard de l’évolution du rythme bégayant des paies. Ceux du secteur privé et les gagne-petit sont tels des  » _left-over_  » d’un système social quasi-inexistant particulièrement en cette période de crise où le pays accuse une carence criante en planification avec aucun plan de déconfinement si d’ailleurs un plan de confinement avait existé.

Selon lui, on dirait que le gouvernement, désinvolte, y prend plaisir alors même que son train de vie – ponctué des scandales multiples et récurrents, des choix sulfureux et autres voyages aux apparences touristiques, dubitablement rentables pour le pays – ne cesse de croître.

« ...notons que les réserves de changes de la RDC sont actuellement incapables de couvrir un mois d’importation. Reparlant du salaire des fonctionnaires, il importe de remarquer qu’il s’est amenuisé sous prétexte du retrait de l’IPR, ce qui constitue, en soi, un bafouement des avantages sociaux acquis. Par ailleurs, le pouvoir d’achat de la population s’érode et s’effondre au quotidien, infligeant au passage un coup dur aux paniers des consommateurs qui deviennent de plus en plus légers, négativement sélectifs en terme de qualité, fragilisant ainsi davantage la sécurité alimentaire … Nous avons l’impression de vivre – _en live_ – un véritable flash-back cauchemardesque des années 1990 avec l’hyper inflation galopante... »

A titre illustratif, le Professeur Bily BOLAKONGA expliqu »une enquête de terrain lui a permis de constater une majoration des prix des des denrées agroalimentaires les plus consommés (fluctuant entre + 33,8 et + 52%) sur différents marchés depuis la mi-février.

« Si le social charrié par le slogan chameur  » _le peuple d’abord_  » reste encore le fer de lance duPrésident, la réalité socioéconomique prend le contre-pied, révélant un grand hiatus entre la redondance d’un discours d’autosatisfaction relayé par certains sbires aveuglés et la factualité du vécu quotidien des congolais ordinaires : la misère enfle dangereusement« 

Au même moment, pense-t-il, les factures d’électricité et d’eau ont quasiment doublé, apparemment pour récupérer les sommes non encaissées pendant la gratuité décrétée, décision visiblement prise hasardeusement sans mesures compensatoires en faveur des sociétés concernées, comme ce fut d’ailleurs le cas d’une autre décision pourtant proclamée solennellement et pompeusement au sujet de la non retenue de l’IPR pendant un trimestre; ce qui regarnit le cimetière des décisions sociales jamais appliquées. En guise de « compensation », le peuple a plutôt droit à des conflits réels et/ou apparents entre acteurs de la même coalition, à des détournements en millions de dollar… La conséquence logique est la déception très perceptible d’un peuple déchanté et dégouté d’une politique de l’enrichissement rapide et éhonté.

« A cette allure et au regard de la météorologie sociopolitique et économique, les mauvais jours sont à venir. Cependant, le peuple congolais aspire enfin planter sa lourde croix au terme d’un aussi long et éprouvant chemin de la croix qu’il avait faussement cru achever le 30 décembre 2018. C’était sans compter que la crucifixion n’avait pas encore eu lieu, quand d’ailleurs sa résurrection devient fort hypothétique pour 2023″

Au finish, conclu notre interlocuteur, on a l’étrange impression que la RDC, visiblement liquéfiée par une gestion chaotique sur plusieurs registres, coule ou est coulée sous un béton relativement mal préparé et surtout mal posé.

La rédaction.

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