RDC : Report des élections des gouverneurs et vice gouverneurs : incapacité de l’UDPS à remporter ces élections ?
Prévu pour le mois d’Avril, la Commission Electorale Nationale Indépendante vient de repousser les élections des gouverneurs et vice – gouverneurs de 13 provinces à problèmes au mois de Mai prochain. Le calendrier réactualisé fixe la date du vote des gouverneurs et vice – gouverneurs au 06 mai 2020. Ce report d’un mois fait suite, selon le communiqué produit par la CENI à la finalisation des procédures de dérogation des décaissements de fonds et aux raisons d’inclusivité. Certains observateurs pensent que les raisons avancées ne tiennent pas la route.
Pourquoi tous ces reports si l’on sait que la constitution congolaise prévoit l’organisation de l’élection des gouverneurs et des leurs vices, en cas de vacance, dans les soixante jours suivants la déchéance du gouvernement provincial ?
Pour Christian Moussa, politologue, c’est un véritable gâchis de temps précieux car ces élections auraient pu être organisées il y a une ou deux années avant. Il se pose la question de savoir que ferait un élu pour quelques mois avant la convocation des échéances électorales de 2023, sachant aussi que ces élections doivent être convoquées trois mois avant la passation des pouvoirs pour la nouvelle législature?
« ..Est-ce que au regard de ce timing, ces gouverneurs auront un intérêt soutenu sur une réforme déterminante et engagée dans le sens de faire bouger les lignes dans la lutte contre la pauvreté pour l’intérêt de la population? Une mandature polluée par la politique politicienne, l’apologie des antivaleurs dans les hautes institutions de l’Etat, le culte de la personnalité généralisée, la propagande électoraliste permanente et omniprésente etc. …. »
Pour lui, c’est une passe en or politicienne pour permettre tout simplement aux élus de se remplir les poches aux regards des élections générales qui pointent à l’horizon. Il estime, pour sa part, que ces élections ne sont pas organisées pour l’intérêt de la population mais pour des positionnements et gains financiers en prévision de 2023.

Jules Jospin BOUMBE, politologue, pense quant à lui que ces reports répétés d’une simple élection des gouverneurs et/ou vice-gouverneurs des provinces est un mauvais signal que la CENI nous lance, mieux un ballon d’essai, en vue de nous préparer à un report des grandes élections prévues en 2023.
Pour lui, la CENI, pourtant sensée être indépendante du pouvoir central, n’en est qu’un instrument que ce dernier manipule à sa guise. Il évoque, pour ce faire, la bataille pour la conquête de la centrale électorale entre le pouvoir (sous couvert de six confessions religieuses) d’une part, et les églises catholique romaine et protestante, d’autre part.
Ce politologue donne deux raisons majeures qui seraient à la base du report l’élection des gouverneurs et vice – gouverneurs.
« …l’incapacité pour l’UDPS au pouvoir, de s’assurer de remporter ladite élection. Il est à noter que dans la plus grande majorité de provinces concernées par l’élection des gouverneurs et de vice – gouverneurs, le parti de FATSHI n’a aucun député provincial. En créant l’USN, l’objectif était pour l’UDPS, de « voler » la majorité au FCC tant au niveau national que provincial. Elle a réussi à le faire au niveau national sous le coup d’intimidation mais aussi de billets de banque et des jeeps Palissade. Par contre, elle est butée à la résistance des députés provinciaux pour imposer des gouverneurs dans ces provinces. Les élus provinciaux se sentent abandonnés par le pouvoir central par rapport à leurs homologues nationaux qu’ils accusent d’être gâtés par le nouveau pouvoir. Les délégations envoyées à la chasse par les autorités de l’USN dans des provinces pour tenter de convaincre les députés de choisir son ticket, seraient presque toutes, rentrées sans un petit rat dans leurs gibecières respectives…..A lire la déclaration de presse, d’il y a deux jours des députés nationaux et sénateurs transfuges du FCC, il se dégage un malaise profond au sein de la plateforme USN, qui navigue à vue, sans statuts ni objectif bien défini. Les députés nationaux et sénateurs de la mosaïque FCC de l’USN accusent Mboso et Bahati de vouloir imposer leur volonté en s’accaparant des gros morceaux du gâteau lors de partage des postes a la tête des provinces à problème. Le Maradona congolais du Sud-Kivu veut dribbler tout le monde en positionnant les siens à la tête des provinces en vue de bien préparer les élections à venir. Ce qui n’est pas du goût ni du FCC-USN, ni de certains caciques de l’UDPS qui se voient malmenés en l’absence du maître nageur, l’ex homme fort du régime qui malheureusement, s’est fait noyer par les siens… »
Face à tous ces essais et erreurs, pense Jules Jospin BOUMBE, il est à parier que l’UDPS a donné des injonctions à son actuelle « sous-traitance » abusivement appelée Commission électorale nationale indépendante, de décaler pour la nième fois ces élections pour lui permettre de mûrir la réflexion et voir comment s’en sortir avec une part acceptable du gâteau.
De l’un à l’autre, ce report sent mauvais. Plusieurs pensent que la même méthode pourrait se répercuter sur les grandes élections attendues en 2023. Ne dit-on pas que le début annonce la fin ?
La Rédaction.