Toujours scotchés à la citation d’Eleanor Roosevelt… (Tribune de José Nawej)
Une fois n’est pas coutume. « Les grands esprits discutent des idées ; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens. » Une citation pour débuter l’édito. Une fois n’est pas coutume. Mais, la transgression vaut la peine.
Diplomate et…First Lady des USA durant les années New Deal, Eleanor Roosevelt n’avait assurément pas en tête les tropiques congolaises lorsqu’elle formula sa citation. Voilà que plusieurs décennies plus tard, non seulement la troisième proposition de son observation n’a pas pris la moindre ride, mais en plus elle va comme un gant à la RDC.
Pour ne rester que dans l’actualité, le communiqué de la Maison civile du chef de l’Etat faisant foi, la chronique kinoise fait vibrer la toile avec une affaire dont les Congolais se seraient bien passé. Sans en rajouter une couche, citons simplement la Maison civile qui parle d’une « vidéo non autrement identifiée » diffusée dans le but de nuire à l’image du Président de la république.
Combien commentent l’allocution du chef de l’Etat à l’ONU ? Combien se préoccupent de la menace d’OPA (offre publique d’achat) qui plane toujours sur l’Est de la RDC? Combien réfléchissent aux mutations géopolitiques et géostratégiques en cours dont la RDC est au cœur des enjeux ? Combien réalisent que le Congo-Kinshasa est l’un des enjeux de la rivalité entre les deux géants post-guerre froide que sont les Etats-Unis et la Chine ?
Combien sont conscients du fait que la gâchette du revolver dont parlait Frantz Fanon s’est enrichie, enjeu climatique oblige, de l’écosystème qui fait de la RDC, l’autre poumon du monde ? Voilà des sujets majeurs absents de « débats » en terre rd congolaise.
Avec le risque que le train de la révolution dont le carburant -coltan, cobalt, forêt…-démarre sans nous. « Dieu qui nous a créés sans nous, n’a pas voulu nous sauver sans nous« . Placée dans le contexte d’aujourd’hui, cette citation de Saint Augustin sonne comme « il ne nous sauvera pas sans nous« . Avertissement sans frais.
Dans la même veine, les obsèques du patriarche katangais Gabriel Kyungu ont donné lieu à une polémique non sur la vision ou l’héritage politique de l’homme, mais sur le …mausolée. Des tonnes de commentaires en sens divers sur la dernière demeure de l’ancien Président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga. Et cette controverse se poursuit.
Rien ou pas grand-chose sur le parcours sinueux de cet héraut et héros de l’UDPS. Alors qu’il y a quantité de leçons à tirer de l’analyse de la carrière politique de ce leader politique, c’est plutôt l’état du mausolée qui retient l’attention.
Que d’énergies dépensées à épiloguer – sur fond de comparaisons- sur ce sépulcre ? Comme si la valeur d’un homme se réduisait à la qualité de sa sépulture.
Les exemples du pasteur Vernaud et, plus récemment, du Cardinal Monsengwo n’ont apparemment pas donné matière à réflexion aux « m’as-tu vu« , autre maladie des petits esprits.
José NAWEJ