UDPS : Au commencement était l’union… (Tribune de José Nawej)
Un seul anniversaire revendiqué et célébré par quatre partis politiques différents ! Deux au pouvoir et deux dans l’opposition. De quoi scandaliser Maurice Duverger outre-tombe. Lui qui a légué à la postérité son ouvrage monumental intitulé « Les partis politiques ».
Pourtant, c’est bien ce qui s’est passé hier avec l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Quatre « UDPS » distincts pour souffler les 41 bougies ! L’UDPS Tshisekedi à la XIème rue, l’UDPS Kibassa à un jet de pierre de la première, l’UDPS Tshibala à Gombe, et l’UDPS Peuple à Lemba.
Pas donc besoin d’un dessin pour comprendre que le U comme « union » a fait place à D comme « désunion ». Cette scissiparité en fait foi. Les initiés aux arcanes du parti initié notamment par les célèbres 13 parlementaires-commissaires du peuple d’alors- savent qu’à ce début et surtout à son âge d’or, l’UDPS était quasiment la nation congolaise organisée en opposition à la dictature incarnée par le Maréchal Mobutu. Au fil des ans, force était de constater que la base sociologique du parti cher au quatuor Kibassa, Tshisekedi, Mbuankiem et Lihau se réduisait comme peau de chagrin. Au point que l’UDPS n’avait pratiquement plus pour bastion que Kinshasa et l’espace Kasaï.
Si l’alternance – façon divine surprise – a enfin permis au parti tshisekediste d’accéder au pouvoir suprême, la gestion du pouvoir semble encore loin d’avoir impulsé une dynamique unitaire. D’abord au sein même de l’UDPS/Tshisekedi où les frustrations nées du partage du gâteau donnent à voir un parti à deux vitesses.
D’un côté, ceux qui « luttaient » en distantiel contre la dictature en étant bien au chaud en hiver tasse de café ou mesure de liqueur en mains, c’est selon. Ou en été, crème glacée ou sorbet en bandoulière. Les privilégiés très bling bling, qui se recrutent essentiellement dans la diaspora, qui tiennent le haut du pavé dans la Fatshisphère. Ceux-là même qui sont régulièrement cités dans moult affaires de détournements avérés ou présumés en particulier dans le noyau du fief du parti présidentiel.
De l’autre, les combattants de terrain. Ceux qui ont affronté les différents régimes répressifs en présentiel avec comme menu quotidien du gaz lacrymogène en guise de hors-d’œuvre ou d’entrées froides ou chaudes et de la bastonnade assortie de l’embastillement comme plat de résistance. Ce combattant fondamental-là (clin d’œil à Aimé Césaire avec « nègre fondamental« ) n’a toujours pas trouvé son compte alors que le compte à rebours pour l’ultime reddition des comptes a commencé.
Relation de cause à effet ? Signe de temps? Autres temps, autres mœurs ? Il y avait, certes, du monde hier à la permanence de l’UDPS/ Tshisekedi. Mais, ce n’était pas la grande affluence des années antérieures et encore moins des décennies opposition.
Décidément, le U comme Union semble avoir du plomb dans l’aile.
José NAWEJ