Bravo Fatshi, mais … (Tribune de José Nawej).
Sauf à faire œuvre d’anti-fatshisme primaire, impossible de ne pas saluer la fermeté et la clarté du discours du Président hier du haut de la tribune des Nations-Unies. Face à la sempiternelle crise dans l’Est de la RDC, le chef de l’Etat congolais a appelé un chat un chat.
Dans son adresse urbi et orbi, Félix-Antoine Tshisekedi a dénoncé aussi fermement que clairement l’énième agression du Rwanda. Le numéro 1 rd congolais a répété sur tous les tons ce qu’est le M23, à savoir un mouvement terroriste. Le Président a exigé le retrait des forces rwandaises et de leurs supplétifs de localités rd congolaises occupées.
Pour bétonner son argumentaire adossé au droit international, Fatshi a placé la communauté internationale devant ses responsabilités. Elle qui n’ignore pas que des experts de l’ONU ont attesté la présence des militaires de l’armée régulière rwandaise sur le territoire rd congolais. Last but not least, le Président Tshisekedi a tordu le cou à l’alibi-fonds de commerce que constitue l’Arlésienne FDLR. Ce véritable « serpent de mer » désincarné que Kigali agite invariablement pour justifier ses agressions répétitives contre la RDC.
En un mot comme en mille, pas besoin d’être » fatshiphile » pour constater que le Président a pris le parfait contrepied de la citation interpellative d’Albert Camus, » mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » . Tout à l’honneur de la RDC.
Reste que la prestation du chef de l’Etat congolais risque de sonner comme une symphonie inachevée si, à l’interne, l’écho de la petite musique dissonante arrive à brouiller le refrain souverainiste articulé à New-York.
En l’occurrence, la gravité de la situation exposée et dénoncée avec maestria par le Président implique, voire impose des logiques de consensus à l’effet de créer une union sacrée et non » sucrée » par rapport au défi existentiel auquel le pays fait face depuis un quart de siècle. La construction d’un front patriotique -sans sinistre jeu de mots allusif- n’est donc pas une option, mais un impératif.
Seulement voilà. A en juger par le vent d’inquisition qui souffle sur le pays, à considérer la multiplication de séquences de règlements de comptes sur fond de chasse aux sorcières ; pas sûr, hélas, que le Pouvoir congolais prenne le chemin du nécessaire compromis national. Pourtant, l’aveu » ponce-pilatiste » du Secrétaire général de l’ONU sur l’incapacité de la MONUSCO à affronter un M23 » aux armes plus modernes » devait suffire à provoquer l’électrochoc unitaire face au danger commun.
José NAWEJ