CULTURE / Portrait : Le slam pour s’évader et faire le vide autour de soi. (Bila, poète non instruit)

Il s’appelle Bila Ntambwe Daniel. Né à Kisangani, il a 26 ans et se fait appeler « Bila, poète non instruit ». Slameur, il est encore étudiant au terminal, à la faculté des lettres et sciences humaines au département des lettres et civilisations Anglaises. Il est organisateur du concours de poésie dénommé « Plume Boyomaise » qui est à sa deuxième édition. Il est également coordonnateur provincial de l’association sans but lucratif « mille et un espoirs », MIES en sigle, association répandue sur toute la République, et coordonnée par madame Caroline Norah Pindi qui en est d’ailleurs l’initiatrice.

Ce jeune slameur qui n’a que quatre ans de parcours, a déjà raflé plusieurs prix : meilleur slameur de l’année avec Z-films, troisième du concours national du slam et, une fois, il a été membre du jury du concours triple action, rubrique slam.

Nous l’avons rencontré à la finale de la deuxième édition du concours « la plume boyoamaise », et il a bien voulu se confier à notre micro.

Ses débuts

Son goût pour le slam est issu de la rage qu’il a de la vie, de combien la vie est injuste, de l’égoïsme de l’homme, de la haine des gens. Il pense que la vie ne donne pas la place à sa table facilement aux gens qui sont sans nom, sans histoire. Par contre, ils sont sujets de moquerie, de méfiance. Dès le bas âge, explique – t – il, le monde nous a traité de moins que rien, nous a jugé par apport à nos familles, à notre morphologie et non en tant qu’humain qui mérite au moins le respect par rapport à ça.

« Je m’étais rendu compte de n’avoir rien à proposer au monde pour avoir une place dans la société, et j’étais ce jeune solitaire toujours en colère, jusqu’à ce que je commence à essayer d’écrire certaine pensées sur papier liées à ma situation. Ce qui a donné une lumière à mes yeux. J’ai compris qu’en écrivant, je m’évade et je fais le vide au fond de moi… »

Alors qu’il est en sixième des humanités, il fait découvrir son premier texte à son professeur de latin, qui va le motiver. Ensuite, il présente son texte à son professeur de français qui va à son tour l’encourager. Jusqu’à ce qu’un jour, il va écrire une chanson intitulée « Jeune lève toi », la quelle a été interprété par l’artiste boyomais F-DECHAINE.

« A chaque fois que l’on balançait ce morceau, les gens aimaient les paroles, et cela m’a fait comprendre que je pouvais être parolier… »

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Après l’obtention de son diplôme d’État, il commence à écrire beaucoup d’autres textes dont la majorité était volés par ses amis. Ne sachant pas comment protéger ses textes, et avec envie d’être lu, il commence à publier certains de ses poèmes sur Facebook. Un jour, il tombe sur un album de Alain Moloto: « Fruit de mes lèvres ».

« …J’ai été frappé en plein visage par le style où l’instrumental se suit avec un poème déclamé. C’est là, que je m’étais décidé de commencer à faire du SLAM moi aussi, puisque les gens m’avaient dit que ce style, s’appelle le Slam… »

A l’aide de son téléphone, il commence à enregistrer ses sons avec le concours de son frère Moïse Yeyama, qui, d’ailleurs l’a beaucoup aidé pour s’améliorer. Il loge ainsi ses morceaux sur sa chaîne Youtube. On peut y trouver des titres tels que « covid et ses traces », « évade-moi d’ici », etc.

Pour la toute première fois, Bila est amené en studio par un collègue qu’il a rencontré à l’université, David Gaston. Il enregistre un son qu’il trouve exécrable. Il l’efface. Deux ans après, il revient avec « le Diable », son enregistré avec Félix Ponyo ; et « l’histoire d’une génération », qui parle de la guerre de six jours à Kisangani. C’est alors qu’une idée de fou traverse son esprit. Il décide de faire un album et met un accent sur la femme.

La place de la femme dans la musique de Bila.

Pour ce jeune slameur, la femme a été à la base de ses problèmes et ses solutions.

« Je suis passé de la misogynie au féministe. Je souhaite taire cette histoire aux yeux du public pour la protection de la réputation de ma famille. Mais ce qui est sûr, je devais aborder ce sujet en premier dans cet album, pour vider mon sac et pour être reconnaissant envers la femme ».

Malgré les espoirs que suscite son art, Bila garde des bons et des mauvais souvenirs. Le mauvais souvenir, c’est son faux pas lors de la soirée Slam « autour du feu ».

« ..J’étais convalescent, mais j’ai dû prester avec ça. J’ai failli tomber sur la scène à la fin de ma prestation… »

Cependant, il garde un très bon souvenir. C’est quand il a pu finir à enregistrer son album de onze titres.

« Ce qui n’est pas facile. Lorsque l’on n’a les moyens. J’ai dû faire des énormes sacrifices qui ont failli me coûter mes études »

Il est jeune et il a une tête et une plume de poète, s’exclame César Bangobango, un amoureux de la culture.

« …J’aime le style de son slam : moins agité et profond. Musique à consommer dans le calme…, conclut César Bangobango.

Ses ambitions

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Bila voudrait passer toute sa vie sur scène, avec un micro, en train de slamer pour se sentir vivant, et propager de l’espoir et le goût de vivre à tous ces jeunes opprimés dans leurs propres familles.

« …le Slam vient de naître à Kisangani. C’est pourquoi ça bloque encore un peu. Mais comme c’est nous qui l’avons fait exciter, nous allons travailler jusqu’à lui trouver une salle uniquement pour le slam , une salle où chaque week – end du mois les gens iront à des soirées Slam… »

En attendant de réaliser ses projets, Bila se prépare pour son premier spectacle sur lequel il travaille avec Daric Busudru, mettre en scène de la compagnie HPC.

« Je suis en train de chercher à faire un concert acoustique au mois de juin et me prépare à fond pour le festival Ngoma, Festiras, Festival slamOUVE. et pour cela, il me faut du travail »

Même s’il souhaite de tous ses vœux publier son album sur les plateformes légales, malgré les moyen qui font défaut, il a déjà un nouvel album intitulé PÉRIPATÉTICIEN qui traîne dans ses tiroirs. Sûrement, ce gars nous réserve des surprises.

La rédaction

3 thoughts on “CULTURE / Portrait : Le slam pour s’évader et faire le vide autour de soi. (Bila, poète non instruit)

  1. Coup de chapeau à ce jeune visionnaire, à ce jeune talentueux. Nous lui souhaitons de bonnes choses, et surtout un avenir remplit des fleurs de bonne odeur. Qu’il aille de l’avant

  2. A moins d’être aveugle ou sourd muet pour ne pas remarquer les innombrables talents qui sont dans cet homme par rapport a cet art.Bravo Bilan.Songa mbele.

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