Dépités par les candidats-députés ! (Tribune de José Nawej)

Que de vocation pour la députation nationale ! Rien que pour la seule ville de Kinshasa, 3900 postulants pour 56 sièges ! Faut-il voir dans cette ruée sur le Palais du peuple le degré éminemment élevé du  sacerdoce au profit du peuple,  la soif de participer  à la gestion de la respublica doublée de   signe de vitalité démocratique ? La longue et riche jurisprudence très congolaise en bandoulière, le Congolais lambda répondrait sans la moindre hésitation :   Ni l’un  ni l’autre pris séparément.  Encore moins les deux considérés ensemble.

Vu du pays réel, il n’y a donc pas l’once de vertu dans le rush observé sur la députation nationale. Et même provinciale. 

A trois reprises, les candidats-députés vendent l’image  » d’avocat  » du peuple. Une fois dans l’hémicycle, le seul plaidoyer dans lequel l’écrasante majorité excelle c’est le pro domo. En français facile, ils plaident pour eux-mêmes : Jeep, émoluments -visible et invisible-, frais de soutien à des motions « alimentaires » pour consolider le …Pouvoir…

 Résultat, dans un pays où le plus grand nombre ne sait même plus où se trouve l’escalier social   et encore moins   l’ascenseur et l’escalator  social, les députés font partie des rares privilégiés qui savent par où prendre ces engins pour grimper dans  l’échelle sociale !

C’est cette mobilité, mieux cette transmutation sociale à la vitesse grand  qui constitue un appel d’air à la lisière de chaque cycle électoral. A l’ère où le vice est dans l’air du temps au point de s’ériger en vertu  validant ainsi  la théorie d’Engels selon laquelle à partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité, se faire élire député  par tous les moyens  participe du combat pour la survie. Obsession vitale qui a conduit le Kinois à puiser dans son imagination fertile la formule suivante : « kotiya libaya « . C’est dire « Tenter sa chance ».

Certes, à la décharge de l’élu, ce rôle d’assistant social qu’il joue continuellement pour pallier les insuffisances ou carrément la démission  de l’Etat dans nombre de secteurs de la vie courante. Plus grave, dans l’imaginaire collectif, on en arrive même à se convaincre qu’un parlementaire a vocation  à construire des ponts, des écoles et à les équiper !

Même alors, cela ne devrait pas dédouaner nos élus de leur mission de plaider la cause des populations –privées d’eau, d’électricité, de transports…-,    de contrôler et surtout de sanctionner ministres et mandataires publics indélicats. Alors que le soleil se couche sur la législature en cours, combien de membres du Gouvernement, de responsables d’entreprises publiques, de régies financières ont été sanctionnés pour mauvaise gestion ?  De quoi être dépités par nos chers députés ! 

José NAWEJ

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