Encore et toujours le trafic d’influence. (Tribune de José Nawej)

Depuis le lointain régime Mobutu jusqu’à ce jour, le trafic d’influence fait partie de l’écosystème judiciaire rd congolais. Qui s’est frotté à la justice sans avoir côtoyé, toisé ou, pire, subi la loi du trafic d’influence? Le trafic d’influence est quasiment omniprésent. Au point de passer pour banal. Et, excusez du peu, pour normal.

 De quoi, emprunter à Hegel sa sinistre et cynique citation selon laquelle, à partir d’un certain nombre la quantité devient qualité. Rentrée, certes par effraction, dans les dédales de la justice, cette antivaleur fait partie de ces infractions réfractaires… à la répression. Tellement, elle est devenue comme une espèce de péché mignon.

Aux commandes de l’action publique depuis à peine plus d’un an, le Procureur général près la Cour de cassation vient d’annoncer à la ville et au monde déclencher une croisade contre le trafic d’influence. Bravo pour cette annonce ! Il était plus que temps d’entreprendre cette action de salubrité judiciaire.  Noble combat et combat noble, s’il en est.

Reste que le ver étant dans le fruit, l’antidote au virus estampillé  » trafic d’influence  » ne dépend pas du patron de la Cour de cassation. Eradiquer cette antivaleur passe par une révolution copernicienne qui verrait tous les Congolais se mettre sous l’emprise de la loi. L’exemple venant d’en haut,   tant qu’il n’y aura pas de volonté politique non affichée mais manifestée dans le sens d’abolir  le régime des privilèges et autres faveurs, le trafic d’influence aura toujours de beaux jours devant lui.

  Impossible, en effet, d’endiguer ce vice tant que le pouvoir judiciaire sera dans la pratique perçu  au mieux comme un appendice de l’Exécutif et au pire comme son auxiliaire. Ce, alors qu’en raison du sacro-saint principe  de séparation des pouvoirs- théorisé par Montesquieu-, baromètre d’un  Etat de droit,  les cours et tribunaux constituent un pouvoir à part entière.

Pas besoin d’avoir fait le droit ou sciences pô pour constater que depuis des décennies, l’Etat de droit est bien plus présent dans la rhétorique officielle-discours – que dans la réalité. Faudrait-il pour autant désespérer du changement? Bien sûr que non. Que les détenteurs d’impérium commencent enfin de prêcher par l’exemple et non de continuer à pécher par l’inaction. 

José NAWEJ

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