Entre le survol « malencontreux » et la violation volontaire …(Tribune de José Nawej)

C’est l’histoire du voleur, qui crie au voleur. Et, un tantinet, de l’arroseur arrosé. Voici le pouvoir rwandais- le même depuis plus d’un quart de siècle – connu pour ses innombrables violations du droit international monter sur ses grands chevaux ou grandes vaches pour dénoncer le survol de son territoire par un avion militaire rd congolais.

Kigali ameute la terre entière pour un « incident » rarissime. Impossible, pourtant, d’épiloguer sur ce survol qualifié de » malencontreux » par Kinshasa sans faire un parallèle avec la violation chronique, systématique voire systémique du territoire rd congolais par l’Armée rwandaise.

Pas besoin de drones pour constater qu’il n’y a pas photo. Pas la peine de se payer un arbitre même de la très controversée « communauté internationale » pour conclure qu’il n’y a pas match. Une fois que cette vérité d’évidence est relevée, des observations.

De prime abord, tout se passe comme s’il y avait un certain déterminisme en vertu duquel le Rwanda a vocation à envahir la RDC et que cette dernière a l’obligation de ne point toucher à l’espace sanctuarisé de son voisin agresseur !

Alors que dans le cas d’espèce, Kinshasa est en droit d’évoquer soit la légitime défense ou même le droit de poursuite dès lors qu’existent des traces de la présence des éléments de l’Armée régulière du Rwanda. Non seulement, les officiels congolais ont exhibé des preuves matérielles et humaines de la RDF aux côtés du M23, mais en plus les experts des Nations unies ont attesté cette présence.

Que fait n’importe quel pays du monde dès lors que son intégrité territoriale est violée par une force militaire étrangère ? Il déploie des trésors de moyens pour rentrer dans son droit. Y compris la force. C’est la légitime défense qui découle de la saine et sainte colère.

Il n’y a donc pas matière à scandale de voir des avions de reconnaissance rd congolais survoler l’espace aérien d’un pays tenu officiellement pour envahisseur ! De deux choses l’une. Ou le régime rwandais est agresseur et le survol s’explique dans le cadre de la riposte ou alors il n’y a rien de tel. Auquel cas, des excuses assorties de leçon de droit international seraient de bon aloi.

Or, il y a bel et bien énième agression contre la RDC selon un modus operandi que les Congolais connaissent par cœur. Eux qui voient les régimes rwandais et ougandais incarnaient la tragédie congolaise. Une pièce mise en scène par des officines autrement plus puissantes tapies dans l’ombre. S’il eût été en vie, Aimé Césaire aurait eu énormément de matières pour prolonger ou actualiser » Une saison au Congo« . Car, la tragédie dont Lumumba était le héraut et héros se poursuit avec le martyre sans fin des millions de Congolais. Des vies sacrifiées sur l’autel du déterminisme géopolitique dicté par l’accès au coffre-fort d’Afrique.

Ce drame n’émeut pas outre mesure tant que lanceurs d’alerte, donneurs de leçons , technostructures du Nord …trouvent leur compte. Et la bouche qui mange ne parle pas. Du pain béni pour le tandem Kagamé- Museveni pour qui le dossier rd congolais fait partie de leur assurance- vie … politique. Jusqu’à quand ? Aux Congolais de réaliser que c’est uniquement au prix d’un front véritablement uni qu’ils peuvent inverser la tendance.

Certes, le Président de la République y est allé de son discours mobilisateur. Il a su trouver les mots pour galvaniser ses compatriotes.

Mais, il faut bien plus que de simples mots pour créer le nécessaire électrochoc national. Des frustrations, des rancunes et rancœurs nées des tas d’injustices, de disparités sociales et sociétales ont besoin d’actes concrets pour être résorbées. Sans cela, » tout le reste est littérature« , pour souscrire à la citation de Paul Verlaine.

José NAWEJ / Séoul

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