Fayulu – Muzito: Adieu le réveil, bonjour l’endormissement !

Quelqu’un a chanté : « les histoires d’amour finissent mal ». Il n’avait peut-être pas tort. Une certitude sous les tropiques zaïro-congolaises, les histoires d’amour entre opposants finissent toujours mal. La dernière illustration en date est celle de Lamuka. Le couple Fayulu-Muzito est en passe de divorcer.

Déjà, cela fait des mois qu’ils font chambre à part. Il ne reste plus qu’à l’officier de l’état civil de constater que les deux survivants de Genève et du combat pour la « vérité des urnes » ne font plus chorus.

Le week-end, la procédure de divorce politique « à la congolaise » a atteint le point de non-retour. La question n’est donc plus de savoir si séparation il y aura, mais quand.

Ainsi, après avoir réveillé « le peuple de l’opposition« , le désormais futur ex-tandem Fayulu-Muzito participe, consciemment ou inconsciemment, à son endormissement. Comme quoi de « lamuka » à « lala« , il n’y a qu’une dose de somnifère que les deux « réveilleurs » n’ont pas hésité à injecter à des millions de Congolais qui espéraient une alternance avec alternative après l’alternance -aujourd’hui crépusculaire- qui n’est au fond que la scissiparité du couple recomposé FCC-CACH appelé Union sacrée pour la Nation. Que d’espoirs déçus !

Voilà un duo qui ne manquait pas d’arguments pour se poser en un pôle de résistance ou d’opposition -c’est selon- . Deux leaders issus de l’espace ex-Léopoldville dont le message trouvait un écho favorable dans tous les faubourgs de Kinshasa et son hinterland.

Cette connexion avec le pays réel qui crée des dynamiques à partir des quartiers populaires et populeux de la capitale et dont l’onde de choc atteint une bonne partie de l’Ouest du pays. A eux deux, Fayulu et Muzito qui ont tous deux été à bonne école, donnaient des gages d’une opposition ancrée sociologiquement et de présomption de connaissance de grands dossiers de l’Etat.

En lieu et place de cette synergie, ceux des Congolais qui chantaient alternativement « vérité des urnes » et « Muzito banda okenda, dollar emata » (« Muzito, depusi que tu as quitté la Primature, le franc congolais se déprécie », Ndlr) pour la gloire de l’un et de l’autre, doivent déchanter. Dorénavant, les deux ex-partenaires et frères vont se rendre coup pour coup. Au fond, un classique de chamailleries entre opposants qui fait les affaires du pouvoir en place.

Sans remonter jusqu’aux années de plomb pendant lesquelles les opposants zaïrois en exil allaient un à un à Canossa, la chronique des oppositions durant la transition sous Mobutu charriait mécaniquement – ou presque- le même scénario de « amour-haine » et donc « mariage-divorce ». Qui ne se souvient de l’explosion en plein vol de l’axe UDPS du redoutable quatuor (Kibassa-Tshisekedi-Lihau-Mbwankiem) -Uféri du duo Nguz et Kyungu? Qui ne se rappelle l’émiettement de l’UDPS et plus tard de l’Union sacrée de l’opposition radicale sous l’œil amusé du Maréchal Mobutu, orfèvre ès affaiblissement des oppositions ? Avec l’appât « Primature« , le « Guide » a su susciter une opposition non plus contre lui, mais contre tout opposant coupable du « délit » de prendre, par effraction et infraction, ses quartiers sur l’ex-avenue 3Z-actuelle Roi Baudouin-.

Mzee Kabila et son fils ont su aussi saucissonner les oppositions en agitant le gâteau « gouvernement« .

Connaissant parfaitement le mode d’emploi de l’opposition en terre rd congolaise, Fatshi ne serait évidemment pas mécontent de voir deux de ses principaux concurrents dans cet Ouest où est située la capitale se battre jusqu’à se neutraliser.

José NAWEJ

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