Je souffre dans ma chair et dans mon âme. (Pamphlet de Ma Gloire BOLUNDA)

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et dans mon âme
Et pourtant, ils m’interdisent de parler de ma condition en public
Ils veulent que je me taise
Que ma souffrance me ronge sans mot dire
Ils ont honte que les étrangers apprennent les conditions exécrables et misérables dans lesquelles je vis

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et dans mon âme
Je ne sais nourrir mes enfants
Je ne sais scolariser mes enfants
Je ne sais payer mon loyer
Je ne sais avoir ni l’eau ni électricité
Mais on me demande de me taire
De ne pas en parler aux étrangers
Parce qu’ils veulent garder leur honneur et leur dignité

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et dans mon âme
Incapables de me faire voyager dans des bonnes conditions
Incapables d’arranger les routes
Incapables de me payer un salaire décent
Incapables de redonner à ce pays son image d’antan
Mais ils veulent que je me taise
Que ma souffrance me ronge de l’intérieur
Parce que, eux, ont droit à la vie
Et pas moi.

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et mon âme
C’est une évidence
Si un père ne peut nourrir ses enfants
Ces derniers iront quémander chez les voisins ou, carrément, se transformer en enfants de la rue.
Mais tout ce qu’ils trouvent à me dire
C’est de me taire et de ne pas en parler aux étrangers.

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et mon âme
Comment voulez – vous que je chante !
Comment voulez – vous que je danse !
Comment voulez – vous que je cache ma peine !
Pendant que mon enfant est malade et ne peut recevoir des soins !
Pendant que les intestins se tiraillent dans mon ventre !
Pendant que la soif me sèche le gosier !
Et ils veulent que je me taise
Que je n’en parle pas aux étrangers.

Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et dans mon âme

Comment rester insensible alors qu’une partie de mon pays est occupé par des rebelles sans foi ni loi, qui pillent, volent, violent, égorgent mes compatriotes ? Comment ne pas parler alors que chaque jour qui passe, depuis des décennies, mon pays compte et recompte ses morts ? Et ils ne veulent pas que j’en parle aux étrangers.


Je suis congolais
Je souffre dans ma chair et dans mon âme

Me taire !
Ne pas parler !
Alors que l’obscurité favorise le banditisme !
Pendant que, ceux là, qui croient que ce pays leur appartient,
Détourne l’argent de la République en tout impunité !
Pendant que vous remplissez les listings des agents fictifs !
Pendant que vous détournez le solde des militaires !

Et le dire, devient un péché !
Qu’est ce que Fridolin a dit de nouveau que personne ne connaît déjà ?
Quel péché a – t – il commis ?

Habitués aux djalelo
Ils veulent qu’on chante et qu’on danse pour masquer notre peine.
Aujourd’hui, du côté du pouvoir, les gens se plaisent à s’amuser de la peine des autres
Notre souffrance est votre sève vitale
Notre malheur fait votre joie.

A huis clos ?
Pourquoi ?
Pourquoi à huis clos ?
Pourquoi ne voulez – vous pas que les gens sachent que je souffre ?
Pourquoi voulez – vous que cela reste un secret ?
Pourquoi ?
Vous salissez les linges en cachette et vous voulez qu’on les lave en famille ?

Ils me conseillent de dénoncer les agresseurs, les néo colonialistes
Quelle ironie du sort ?
Ont-ils regardé les poutres qui se trouvent dans leurs yeux avant de me diriger vers les agresseurs ?

Merci Cardinal Fridolin Ambongo
Pour mon peuple, je ne me tairais jamais.

La Redaction

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