Kisangani : Maire, bourgmestres et chef-secteur trop médiatiques pour rien !
Par Gilbert RISASI
La radiotélévision publique et quelques médias privés de la ville de Kisangani réservent régulièrement des tranches importantes aux maire de la ville, bourgmestres de communes et chef du secteur des Lubuya-Bera. C’est souvent dans leurs éditions de mardi où les parades de chaque lundi matin dans ces entités sont largement médiatisées. Occasion pour eux de rassembler leurs personnels administratifs, chefs de quartiers, de blocs, de localités et de villages pour leur donner la synthèse des actualités de la semaine passée et les orientations pour la semaine qui commence.
Le refrain de nos confrères et consœurs, relayant les communications qu’ils entendent, c’est l’assainissement auquel ces autorités urbaine, municipales et du secteur s’adonnent pour le rayonnement de leurs milieux qu’elles administrent. A première vue, tout téléspectateur ou auditeur conclurait que les communes Makiso, Mangobo, Tshopo, Kabondo, Kisangani et Lubunga ainsi que le secteur des Lubuya-Bera qui composent la capitale provinciale de la Tshopo baignent dans l’huile. Ici et là, les routes sont en merveilleux état sur lesquelles la circulation des véhicules, motos, vélos voire des piétons est aisée ; toutes les parcelles sont assainies, etc.
Il suffit de faire la ronde de la ville de Kisangani jusque dans sa périphérie pour se convaincre que ce qui se rapporte dans les médias audiovisuels locaux au sujet des actions des chefs des exécutifs urbain, communaux et du secteur n’est qu’une médiatisation qui ne reflète en rien les réalités sur le terrain.
Les réalités
Alors qu’ils se bombent la torse et claironnent qu’ils réalisent des exploits en matière d’assainissement, notamment, ceux qui sont à la tête de ces entités donnent plutôt l’impression de ne pas connaître la ville de Kisangani, ex-Stanleyville. C’est une ville, pour leur gouverne, la mieux urbanisée de la République Démocratique du Congo. Ceux qui ont voyagé à travers le pays l’ont toujours témoigné. Les étrangers de passage à Kisangani se demandent pourquoi la population ne prend –t- elle pas soin de sa belle ville qu’est Kisangani, préférant la laisser dans la ruine.Cette vérité qui crève les yeux de l’ensemble de l’opinion n’avait-elle pas été concrétisée par le tout dernier premier bourgmestre belge (maire), M. Didier Detrooper dans son livre intitulé : « Stanleyville, là où le Lualaba devenait fleuve Congo ?»
Malheureusement, nombreux d’entre ces chefs urbain et municipaux ignorent tout de l’histoire de la ville de Kisangani où, après la pluie, l’eau ne traînait pas dans les chaussées, mais était bel et bien évacuée à travers les grands collecteurs à ciel ouvert ou souterrains, les caniveaux, les ruisseaux… pour se déverser dans le fleuve Congo, les rivières Tshopo, Lubunga, Kabondo, Lindi, etc. Les routes, comme à Mangobo et à la Tshopo, étaient merveilleusement carrossables et bitumées. Les parcelles n’étaient pas inondées d’eaux de précipitations, les maisons ne s’écroulaient pas de suite des pluies diluviennes. Les caniveaux et collecteurs étaient régulièrement curés.
Qu’est-il resté de ces entités 59 ans après l’indépendance du Congo – Léopoldville ? Actuellement, la terre battue a pris le dessus sur le macadam hérité des Belges, les caniveaux et autres conduits d’eaux sont bouchés où n’existent plus à cause des constructions anarchiques. Aujourd’hui, les Boyomais, contrairement aux Stanleyvillois, connaissent toutes sortes de calamités naturelles causées par les eaux de pluies.
Les hautes herbes sauvages règnent en maître dans les parcelles des individus, les lieux publics, et même dans les sites des bâtiments administratifs communaux. S’il faut les couper, c’est devant les caméras. Les marchés de fortune naissent comme des champignons le long des artères principales, du chemin de fer, à l’entrée et à la sortie des ponts… grandissent et se consolident, vers lesquels les agents urbains, communaux et du secteur se ruent pour percevoir la taxe d’étalage auprès des vendeurs et vendeuses. Sans compter tout ce qu’ils entrainent comme insalubrité publique.
La question que le commun des Boyomais peut se poser est celle de savoir pourquoi le maire de la vile, les bourgmestres de communes et le chef-secteur font-ils appel aux journalistes ou envahissent-ils les rédactions des organes de presse audiovisuelle ? N’est-ce pas pour dissimuler leur incapacité à redresser leurs barques qui vont tout droit à l’abime à l’instar du Titanic devant l’iceberg en 1912 dans l’océan Atlantique ? Parce que ce que tout observateur avisé y voit de ses propres yeux ne peut être qualifié autrement.
Une alternative se dégage
De cette interrogation quasi-générale, une alternative se dégage : ou les maire de la ville, bourgmestres de communes et chef-secteur en profiteraient pour justifier les frais de fonctionnement qui leur seraient alloués et les recettes des taxes et autres redevances dues à la ville, aux communes et secteur qu’ils utiliseraient à d’autres fins qui n’ont rien à avoir avec l’intérêt public. Ou ce serait pour distraire l’opinion au moment où leurs administrés n’obéissent plus à leurs mots d’ordre. Preuve : tous, à quelques exceptions près, ont été candidats députés provinciaux et/ou nationaux le 30 décembre 2018, mais aucun n’a été élu.
A Kisangani en général, et chez les bourgmestres de communes et chef-secteur en particulier, les « 5 Chantiers » de 2016 à 2011 et la « Révolution de la Modernité » de 2011 à 2018 de l’ancien président de la République, M. Joseph Kabila KABANGE étaient tournés en dérision. Tout était qualifié de ces visions, selon la mandature, même le balayage d’une avenue.
C’est le même son de cloche pour les premiers « Cent jours » de l’actuel chef de l’Etat, M. Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO où toute action, minime ou insignifiante soit-elle, est insérée dans ce programme-là.Le degré d’associer les médias audiovisuels sont différents d’une autorité à l’autre. Toutefois, trois ou quatre d’entre elles se distinguent dans cet exercice, certainement tarifé.
Par leur médiatisation à outrance, les numéros un des entités politico-administratives de Kisangani, au lieu de servir leurs populations respectives, sont plutôt en train de les desservir. En termes clairs, ils font faussement croire à de probables partenaires nationaux et étrangers ainsi qu’aux bonnes volontés qu’ils ne sont confrontés à aucun problème.Le Fonds Social de la République Démocratique du Congo (FSRDC) a certainement entendu, vu et compris que les médiatisations à outrance des réalisations des autorités urbaine, municipales et du secteur ne sont que du trompe-l’œil. Il vient, en effet, d’arracher un financement de plus au moins 500.000 USD de la Banque mondiale pour l’assainissement de la ville de Kisangani par les travaux à haute intensité de la main-d’œuvre (THIMO) dans le cadre du projet de stabilisation de l’Est de la RDC pour la paix. 1616 personnes, hommes et femmes, y sont utilisées pour 3 dollars par jour et par tâche par individu pour une durée de 100 jours.
Le maire de la ville, les bourgmestres de communes et le chef de secteur feraient mieux de côtoyer les « rares anciennes générations » ayant vécu la période coloniale encore en vie, comme certaines gens, nous compris, font pour avoir d’elles l’image qui était celle des entités qu’ils administrent. Ce genre d’échanges leur permettrait, à coup sûr, de tempérer leurs mots ou de revoir leurs ambitions à la baisse. Ils pèchent en coupant le cordon ambilocal avec ces « bibliothèques vivantes » qui sont parmi leurs administrés. Au lieu de garder leurs distances avec ces grands-pères, pères, aînés, ils feraient de s’y attacher. Un vieux dicton ne dit-il pas qu’il n’est jamais trop tard pour mieux faire ?
Ne pas écouter le chant de sirène
Nous sommes tentés de croire que ceux appelés à consommer cette campagne par les images à la télévision et le son à la radio n’écouteront plus le chant de sirène ! Au moment opportun. Surtout pas le 3ème gouverneur de la Tshopo, Me Louis-Marie Walle Lufungula qui a encore dans sa mémoire ce qu’était l’image de ces entités jusqu’à une certaine époque de leur existence. D’ailleurs, les milieux du gouvernorat de province et des ministères provinciaux affirment que sa première itinérance dans les six communes de la ville de Kisangani et le secteur des Lubuya-Bera lui avait prouvé le contraire de ceux qui lui rabattent les oreilles et les belles fausses images qui distraient ses yeux à longueur des journées.
GIRIS