Le  « J’accuse » du Cardinal Ambongo (Tribune de José Nawej)

Comme Emile Zola. Ou presque. Si l’auteur de  « J’accuse » cite nommément ceux qui avaient caché les preuves de l’innocence du capitaine Dreyfus, le Cardinal Ambongo se garde de nommer  « ces Congolais qui passent leur temps à faire des promesses aux gens de l’extérieur ». Des promesses qui, selon l’archevêque de Kinshasa,  sont susceptibles d’être source des divisions du pays.

Bien plus qu’une interpellation, une  accusation grave sur un sujet existentiel pour la centaine de millions de Congolais. Gravissime même. D’autant plus qu’elle est articulée du haut de la chaire par le primat de l’Eglise catholique locale. En principe, ces propos ont vocation à rentrer dans l’expression « parole d’évangile ». On atteint là le summum de la gravité.

 A l’ère et à l’heure de l’agression rwandaise insuffisamment masquée par la rébellion estampillée M23, la charge du Cardinal remet sur le tapis les « liaisons dangereuses » faites de clientélisme, de machiavélisme autour de la longue guerre d’agression. Dans cette espèce de jeu de l’ombre et de lumière, le Rwanda et la kyrielle de mouvements rebelles qu’il produit cycliquement et…exporte vers la RDC passent souvent par la rubrique  « ange » avant de devenir  le «  diable  » que l’on décrit dans la rhétorique publique. Un peu comme Lucifer.

Cette transmutation négative s’incarne principalement avec le personnage de Paul Kagamé, la main africaine utilisée pour déstabiliser la RDC. Il n’est pas rare que l’homme fort du Rwanda soit porté aux nues avant d’être voué aux gémonies par tous ceux qui ,  en RDC ,  pensent que tous les stratagèmes  sont bons pour accéder ou se maintenir au pouvoir . Seule la fin justifie tous les moyens, y compris pactiser avec le « diable » que l’on absout le temps du deal. Près de cinq siècles après sa mort,  Nicolas Machiavel ne pouvait imaginer pareil hommage post-hum à mille lieues de sa Florence natale.    

Pour autant,  ce « J’accuse » version Ambongo sonne comme une symphonie inachevée. D’où comme en écho à la parole de l’Evêque de la capitale, des fidèles et pas seulement, demandent en chœur : quelles sont les personnes ou personnalités qui pactisent avec les ennemis de l’unité de la RDC ?

Pour explosif qu’il puisse être,  ce déballage-là serait cathartique et salutaire pour la RDC. Papa Cardinal, dites seulement un mot en mettant un ou des noms sur l’accusation. 

José NAWEJ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close

Catégories

error: Content is protected !!