Le pari … risqué du Raïs

A n’en point douter. Il y aura une avant et une après- entrée en scène de Joseph Kabila. Ce sera donc peu de prédire que ce come-back va rebattre les cartes politiques. Et que les lignes vont bouger.

L’homme qui effectue sa rentrée politique n’est, à l’évidence, pas n’importe qui. Est-il encore besoin de rappeler qu’il a été l’alpha et l’oméga de la vie politico-institutionnelle du pays durant deux décennies. Faisant et défaisant l’essentiel de l’establishment politico- militaire.

Lorsque depuis son sanctuaire de Kingakati où il vit quasiment en ermite, JKK fait savoir à la ville et au pays qu’il n’a pas encore pris sa retraite, il n’y a pas que la Sécurité sociale qui révise et remise ses calculs. C’est tout l’échiquier politique national et certains de nos principaux partenaires extérieurs qui s’apprêtent à mettre à jour leurs logiciels. Avec la fin du service minimum à Kingakati, le pays est donc à la juste veille d’un tournant.

Le hic, c’est la nature de ce tournant. Car, le pedigree du sénateur à vie Kabila charrie autant d’atouts que de handicaps, autant d’avantages que d’inconvénients. S’il force estime et respect, c’est justement en raison de son statut, il vole très haut tel un aigle. Difficile que la bave ne l’atteigne.

En descendant dans l’arène …politique, Joseph Kabila prêterait le flanc aux critiques et surtout aux coups passe toujours au dessus de la ceinture. Presque comme n’importe quel acteur politique. Le risque de voir ce retour tourner à un combat de trop est bien là.

Car, la scène politique qu’il va regagner n’est plus tout à fait la même. Pour emprunter au lexique sportif, si l’aire du jeu est la même, le match n’est plus le même. Nombre de joueurs ont changé de veste à la suite ou à la faveur – c’est selon – du grand mercato opéré par le nouveau coach-sponsor. Bref, beaucoup d’eau a coulé sous le pont de la N’sele.

Le challenge pour le Raïs est de s’assurer que son come-back soit perçu et surtout vécu comme celui de l’ultime recours de l’homme providentiel. Recours peut, en l’occurrence, rimer avec secours. De fait, près de cinq ans après la passation hyper scénarisée du pouvoir, le changement attendu par la majorité silencieuse tourne à l’Arlésienne. Les Congolais sont toujours abonnés voire scotchés – bien malgré eux – à la même galère. Les indicateurs de la « misère » demeurent globalement en l’état. Déjà proverbialement faible, le pouvoir d’achat s’est amenuisé davantage. C’est dire.

Est-ce suffisant pour que les Congolais absolvent celui que l’opposition a diabolisé en le rendant responsable de tous les maux cumulés de la RDC depuis son indépendance ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que depuis la Grece antique c’est le propre des peuples que d’adorer aujourd’hui ce qu’ils ont brûlé hier et de brûler ce qu’ils ont adoré hier. Là, pourrait résider la clé de l’énigme du pari risqué du Raïs.

José NAWEJ

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