Politique :De « bolinga, bolinga te » à « bokomesana », le pays va très mal.

Une réflexion du Professeur Docteur Ingénieur Billy BOLAKONGA, Recteur de l’Université Mariste du Congo et Enseignant à l’Institut Facultaire des sciences Agronomiques de Yangambi.

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La publication très controversée des résultats de l’élection présidentielle donnant Félix Tshisekedi président suscita une grande euphorie de ses partisans. Néanmoins, devant la déferlante des contestations qui fusaient de toute part, entraînant çà et là quelques escarmouches, surgit, de la part des irréductibles fanatiques du président proclamé, une expression pour le moins défiante voire provocatrice, devenue assez célèbre « bokomesana » (entendez: vous vous habituerez) – sous-entendu à composer avec le fait accompli de Fatshi président. Ce  » bokomesana » rappelle étrangement une autre expression remontant au plus fort du mobutisme – tout aussi empreinte d’une forte dose de défiance au point qu’un parallélisme sémantique est plausible – à savoir : » bolinga bolinga te » (que vous le vouliez ou non). Mais pourquoi une telle tendance à la défiance si on estime que son champion a vraiment et réellement gagné ?  A l’évidence des faits, lorsqu’un groupe cherche à imposer son leader par défi, c’est qu’il est bien conscient que ce dernier est soit en panne de légitimité, soit accuse une insuffisance d’inspiration, soit les deux. Seulement, étant donné que l’on ne dirige pas un pays par défi comme le suggérait Laurent Cardinal Monsengwo (au lendemain de la précédente fraude électorale), la réalité finit toujours, inexorablement et de manière implacable, à rattraper tout le monde! Finalement que constate-t-on? Le  » bokomesana » est aujourd’hui conjugué par tout le monde:

(1) Les fameux lanceurs du concept et la « base » sont désabusés réalisant que les contraintes du « deal » sont plus puissantes que l’illusion du pouvoir d’apparence ! (2) Le peuple qui est chaque jour un peu plus déçu que la veille car son quotidien, loin de s’améliorer, se dégrade, le distance davantage d’un rêve de mieux-être pourtant miroité à coup de promesses ;

(3) Le « détenteur apparent du pouvoir » lui-même qui espérait une plus large marge des manoeuvres se retrouve à l’étroit, incapable d’appliquer son programme pendant qu’il est réduit à jouer un rôle de marchand des illusions un peu comme dans un bal costumé ou masqué;

(4) le supposé parti tout puissant qui est également déplumé ayant perdu de son « charme » et, dans une certaine mesure, de sa qualité exclusive de faiseur de roi et même de sa capacité de nuisance ;

(5) le fermier barbu quoique gardant largement sa main sur les fils conducteurs des figurines n’en est pas non plus moins égratigné dans son confort habituel;

(6) les fonctionnaires qui, outre la chute drastique du pouvoir d’achat, perdent des parts non négligeables de leurs salaires déjà maigres ;

(7) l’opposition divisée faute de vision commune et claire semblant d’ailleurs se résigner à s’y faire, incapable de mobiliser franchement des thèmes ou combats fédérateur.

Somme toute, en réalité,  le « bokomesana » s’était déjà mué en un  » tokomesana » (attendez : nous nous habituerons) tacite mais auto-neutralisant ou omni-neutralisateur ! Il est donc évident que le pays est en grave crise. Il  faut rapidement trouver le moyen d’en sortir via une mise en commun des intelligences, de préférence sous la houlette d’une personnalité congolaise consensuelle, non certes pour un partage indécent du pouvoir mais pour trouver des solutions susceptibles de provoquer une sortie durable de cet état délétère dans lequel se trouve la nation congolaise ; état que personne ne peu plus nier !

La Rédaction. 

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