RDC : « Bivi » , accusait déjà la foule à Mbuji-Mayi ! (Tribune de José Nawej)

Abus d’autorité, trafic d’influence, mélange de genres, concussion …à la lisière de la corruption. Un bouquet d’antivaleurs. Un condensé de toutes les antinomies à la bonne gouvernance. Ainsi peut se résumer la vidéo sur le désormais ex-conseiller stratégique du chef de l’Etat. Un conseiller du premier cercle au cœur de la Fatshisphère.

Vidye Tshimanga fait partie de la garde rapprochée du Président. Il est sensé écouter matin, midi, soir et tard la nuit les enseignements du Rabbi sur la lutte contre les antivaleurs. Apparemment, la vertu enseignée à longueur de journée est rarement- c’est un euphémisme- pratiquée par ceux-là qui devaient, les premiers, prêcher et non pécher par l’exemple. A en juger par le » J’accuse » des jurés de Mbuji-Mayi, le « cas Vidye Tshimanga » est loin d’être un épiphénomène.

Fin décembre 2021, Félix-Antoine Tshisekedi avait entendu de ses propres oreilles le qualificatif sans nuance articulé en tshiluba facile que ses propres frères de sang -cfr mashi a mu menu- avait accolé à l’ensemble de son entourage : « Bivi » (des voleurs) !

Dans la démocratie directe, façon Athènes dans la Grèce antique ou en Afrique précoloniale, vox populi rimait avec vox dei. Autant dire que venant du jury populaire, cette accusation avait valeur de désaveu.

Problème, depuis ce sondage grandeur nature, le Président n’a toujours pas nettoyé les écuries d’Augias. Ses proches, si décriés, continuent à faire la pluie et le beau temps au sein de la Fatshisphère. Au grand dam du peuple de l’UDPS qui pestent dans toutes les langues contre cet entourage présidentiel dont nombre de conseillers influents sont inconnus au bataillon.

Dans un parti où la légitimité se mesure à l’aune de hauts faits que sont la relégation, l’embastillement, le gazage sur les pavés kinois…ces usufruitiers bon chic bon genre font mauvais genre. Eux qui connaissent mieux la topographie des carrés miniers dans le lointain Lualaba que le nombre de cellules du parti à Kinshasa. Eux qui paradent sur les hauteurs de Binza, dans des palaces et des temples de plaisirs de la capitale, bref des endroits qui sentent plus la diaspora dans sa version » diasa-diasa » que l’UDPS d’Etienne Tshisekedi.

Certes, les affaires et affres d’entourages remontent aux temps immémoriaux. Courtisans, flagorneurs, griots et conseilleurs peuplent les cours d’ici et d’ailleurs. En la matière, » notre Fatshi national » peut même reprendre à son compte la citation très québécoise attribuée à Talleyrand, à savoir » Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console ».

Dans notre propre écosystème, le duo Franco-Rochereau avait dépeint les méfaits des entourages dans une chanson célèbre intitulée: » Lettre à M. le DG « .

N’empêche, en donnant l’impression de subir les cours de la cour, le Prince court le risque de tomber sous le coup du proverbe selon lequel « il n’y a pas de mauvaises troupes, il n’y a que de mauvais chefs « .

Gâté par une riche jurisprudence (Mobutu, Kabila père et fils), le Président Fatshi devrait être en situation de développer une immunité naturelle contre l’épidémie » entourage « . La jouissance des privilèges liés à l’exercice du pouvoir est solidaire, la traversée du désert est solitaire.

José NAWEJ

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