Sarkozy, un médiateur officiellement officieux ? (Tribune de José Nawej).
Que d’initiatives diplomatiques sur la crise dans l’Est de la RDC née de l’agression rwandaise ! Les médiations, facilitations, bons offices…officiels comme officieux ne se comptent plus. New-York, Addis-Abeba, Nairobi, Luanda… Dans la capitale rd congolaise, ballet et bal diplomatique finissent par se confondre.
Si Paris valait bien une messe, Kinshasa vaut bien un déplacement. Quelques semaines seulement après le passage très remarquable et remarqué d’Emmanuel Macron, c’est le tour de l’un de ses prédécesseurs -Nicolas Sarkozy- d’atterrir dans le « pays agressé » qu’est la RDC.
Certes, la Présidence de la république réfute dans toutes les langues et tous les dialectes parlés en RDC la thèse d’une énième médiation entre Kinshasa et Kigali avec l’ancien président français à la manœuvre. Voilà pour la vérité officielle.
N’empêche, on ne voit tout de même pas Nicolas Sarkozy effectuer un si long voyage pour venir parler PSG (Paris Saint Germain) avec le Président Tshisekedi, lui aussi très fan de l’équipe parisienne.
Personne ne s’imagine non plus un diner entre les deux personnalités d’où les relations conflictuelles entre la RDC et le Rwanda seraient absentes de hors-d’œuvre au…café en passant par le plat de résistance et le dessert. D’autant que l’hôte de marque du Président Fatshi est connu pour être le héraut du rabibochage entre Paris et Kigali. Et que depuis, il a des atomes crochus avec Paul Kagamé.
De là à subodorer que « Sarko » a le profil du médiateur idéal, il n’y a qu’un pas que franchissent ceux qui se satisferaient d’une solution artificielle, superficielle, partielle et même partiale du conflit.
Reste que vu de RDC toutes ces médiations, facilitations, bons offices tutti quanti ne sont que des palliatifs à court terme. Comme « médicament« , ils n’ont pour principe actif que celui de « calmant« . Moralité, s’ils sont susceptibles de soulager la douleur, ils n’ont pas vocation à soigner le mal.
Or, la RDC n’a plus que faire de tranquillisant. En l’occurrence, il y a même overdose en matière de sédatif depuis le déclenchement de l’agression dont le Rwanda et-épisodiquement l’Ouganda- sont la partie visible de l’iceberg.
Las du sempiternel scénario répétitivement tragique qui illustre parfaitement la problématique développée par l’écrivain-philosophe Albert Camus dans « Le Mythe de Sisyphe« , les Congolais ne se font guère d’illusions par rapport à ce qui a tout l’air d’une énième médiation. Une de plus.
José NAWEJ