Tshopo : six ans d’existence, trois gouverneurs, quel bilan ? (éditorial)
La province de la Tshopo existe depuis juillet 2015 suite au démembrement opéré dans l’ensemble de la République démocratique du Congo, hormis les provinces des Kivus et Maniema démembrées depuis 1986 à l’époque du Zaïre. Depuis son avènement, la province de la Tshopo a connue un commissaire spécial et trois gouverneurs.
Entendu comme mode de gestion de proximité, le démembrement des provinces avait suscité de l’espoir au sein de la population congolaise en général et de la Tshopo, en particulier.
Cependant, six ans après, la province de la Tshopo est restée l’ombre d’elle-même.
Six ans, trois gouverneurs
En six années, la Tshopo a été marquée par le passage de trois gouverneurs : Il s’agit de Jean Ilongo Tokole, Constant Lomata Kongoli et Louis-Marie Walle Lufungula (déchu par l’assemblée provinciale en avril 2021).
De ces trois gouverneurs, chacun a un bilan à présenter à la population de par sa méthode de gestion ( un bilan positif, négatif ou mitigé selon le cas). Il convient de souligner ici que parmi les trois gouverneurs, seul Louis-Marie Walle Lufungula a totalisé deux ans de règne à la tête de la province.
De ce fait, le destin a voulu que Jean Ilongo Tokole soit le premier à diriger la province de la Tshopo comme commissaire spécial d’abord et ensuite, comme gouverneur de province.
En octobre 2015, Jean Ilongo Tokole est nommé commissaire spécial sur ordonnance de l’ancien président de la République, Joseph Kabila Kabange.
Poste qu’il assume jusque début 2016 (février).
Ayant gagné d’une manière ou d’une autre la confiance des députés provinciaux, Jean Ilongo Tokole est élu en mars 2016 gouverneur de la province de la Tshopo. Poste qu’il assumera jusqu’Août 2017.
L’histoire retiendra que Jean Ilongo Tokole a géré la province de la Tshopo sans budget.
Par contre, au cours de son règne, Jean Ilongo Tokole a pu réaliser quelques travaux sur le plan des infrastructures. Il s’agit de l’asphaltage de quelques tronçons routiers de la ville de Kisangani (boulevard du 30 juin, tronçon compris entre le rond-point du canon et la société Kilomoto) ainsi que l’éclairage public sur quelques artères de la commune Makiso. Mais aussi l’achat des véhicules propres de la province.
Du moins, le premier gouverneur de la province de la Tshopo a contracté une dette auprès d’une banque de la place à hauteur de 1 500 000 $ (un million cinq-cents mille dollars américains), montant destiné à l’asphaltage du tronçon compris entre le rond-point du canon et le rond-point Pars, toujours dans la commune Makiso (centre-ville).
Il est à signaler que l’argent emprunté n’avait pas été utilisé pour besoin de la cause.
Constant Lomata Kongoli élu en août 2017 comme deuxième gouverneur de la province de la Tshopo, hérita d’une province avec des grands défis à relever et indexer par plusieurs banques de la place pour des dettes.
Il vous souviendra que suite au non-respect de ses engagements, la province de la Tshopo a été indexée.
Ainsi donc, en mettant en contribution son sens managérial, Constant Lomata Kongoli a pu trouver un consensus avec ses banques pour un échelonnement de paiement des créances, permettant ainsi la province à faire face à d’autres charges.
Une situation qui a permis la reconstitution de l’économie de la province.
Le surnommé cheval blanc par ses proches, Constant Lomata Kongoli a eu à redynamiser la régie provinciale des recettes devenue à son temps à la solde de certains individus.
Nous retiendrons du gouverneur Constant Lomata, la poursuite des travaux de réhabilitation de l’hôtel du gouvernorat dont plus de 700 000 $ avaient été décaissés par son prédécesseur mais sans impact visible. Parce que le développement de la province est entre autre l’harmonie entre les deux institutions provinciales, le deuxième gouverneur de la plus grande province de la RDC a pu user de son savoir-faire pour renouveler la confiance entre les deux institutions (l’assemblée provinciale et le gouvernement provincial).
Selon les informations à notre possession, Constant Lomata Kongola a dû doubler les émoluments des députés provinciaux afin de leur permettre une très bonne prise en charge.
C’est ainsi que les émoluments d’un député provincial sont passées de 800 000 FC à 2 500 000 FC, soit de 800 à 2 500 $ USD.
L’on signale également la réhabilitation de plusieurs infrastructures (ponts) ainsi que l’asphaltage d’un kilomètre de la voirie urbaine et son éclairage (tronçon compris entre le rond-point stade et espace Hawaï). Constant Lomata Kongoli n’a contacté aucune dette pour le compte de la province mais plutôt a su la diminuer.
Enfin, le troisième gouverneur en six ans est Louis-Marie Walle Lufungula élu en avril 2019.
A son arrivée à la tête de la province, Louis-Marie Walle Lufungola a porté l’espoir de tout un peuple.
A travers son projet de société et son curriculum vitae, le troisième locataire au perchoir de la province de la Tshopo a rassuré plus d’une personne.
Dans ses premières sorties devant la presse, Louis-Marie Walle Lufungula s’est montré un homme d’Etat plus que ses prédécesseurs tout en leur attribuant des qualificatifs que nous nous réservons de citer ici.
Par ailleurs, Walle Lufungula a réussi à couvrir presque un kilomètre en monocouche en plein centre-ville de Kisangani (tronçon compris entre le rond-point du canon et le rond-point Pars).
Dans son actif, l’on note la réhabilitation de plus de 5 kilomètres de la voirie urbaine en terre battue ainsi que la rénovation du rond-point du canon (commune Makiso). Il a initié les travaux de réhabilitation du stade Lumumba. Travaux qui malheureusement ont pris plus de temps que prévu sans être achevé.
L’achat de la pelouse synthétique pour le stade Lumumba (avec le mythe qui entoure cette acquisition).
Le tronçon routier hôpital général de référence Makiso Kisangani-orphelinat, boulevard de l’Espagne (commune Mangobo) n’a pas échappé à la vigilance de celui surnommé aux derniers jours à la tête de la province, chuma ya moto, pour ne citer que ceux-là.
Cependant, la construction de la centrale photovoltaïque, l’achat des matériels médicaux tels que le dialyse, et autres ne sont restés que promesses.
Jean-Claude Fundi.