DIPLOMATIE : « Mort de Luca Attanasio, cela peut nuire les relations entre la RDC et l’Italie ». (Pr Bily BOLAKONGA)
L’Ambassadeur de l’Italie en République Démocratique du Congo, Luca Attanasio, a été abattu le lundi 22 février 2021 au Nord-Kivu dans une embuscade tendue par des hommes armés sur la route Kilimanyoka et Kanyamahoro, dans le parc national de Virunga, non loin de la ville de Goma. L’ambassadeur italien a été tué avec son officier de sécurité italien et son chauffeur lorsque des assaillants inconnus ont tendu une embuscade au convoi du Programme alimentaire mondial des Nations Unies avec lequel ils voyageaient. Un incident diplomatique qui peut nuire dangereusement, et à plusieurs titres, aux relations entre la République Démocratique du Congo et l’Italie, et même entre le pays de Lumumba et les autres instances, pense le Professeur Bily BOLAKONGA qui nous livre ici sa réflexion.
« C’est encore prématuré d’émettre un point de vue sur ce qui vient de se passer, tant il suscite un émoi unanime. Au-delà du fait qu’il s’agit d’un fâcheux incident diplomatique grave parce qu’il s’agit d’un Représentant en personne d’une puissance européenne voire planétaire qui est si facilement abattu en République Démocratique du Congo, je considère que c’est d’abord et avant tout une perte immense pour sa famille, sa femme inconsolable et ses jeunes enfants qu’il chérissait. A cet unique titre, c’est un drame ! A tout bien considérer, il s’agit d’un grave incident diplomatique susceptible de nuire dangereusement, et à plusieurs titres (parfois tacites) aux relations entre la RDC et l’Italie et même entre la RDC et les autres instances« .
Cet incident survient au moment où le Président Félix Antoine Tshisekedi prend les rênes de l’Union africaine (UA) alors qu’il semble visiblement peu adulé par ses pairs, Chefs d’États africains, dont l’absence éloquente à la prise des fonctions resonnait, en fait, comme un véritable boycott.
« Dans un tel contexte, il va sans dire que le tout nouveau Président en exercice de l’UA aura besoin du soutien de l’Union européenne dont l’Italie, atrocement blessée, a un poids considérable. Par ailleurs, c’est l’image de la République qui s’en trouve davantage assombrie dans la profonde vallée des pays les moins sûrs au monde. Déjà, de nombreux pays ne recommandent pas à leurs citoyens de fréquenter la RDC, ou tout au moins d’y limiter leurs mouvements, les prévenant que c’est à leur risque et péril, particulièrement dans la région de l’Est. Cet incident semble malheureusement confirmer cette thèse. Le choc est encore vif et ne permet pas, pour le moment d’analyser tous les contours des conséquences de ce malheureux événement mais je crains, au minimum, que notre pays paie le prix d’une suspension des aides et des interventions humanitaires dans son ensemble et singulièrement dans les zones peu sûres où pourtant de nombreux Congolais souffrent de malnutrition sévère et aiguë et donc, ont besoin d’assistances urgentes. Pour revenir à ce triste et déplorable assassinat, de nombreuses interrogations peuvent être soulevées sur les garanties sécuritaires et les mécanismes de sécurisation qu’aurait fournis le gouvernement congolais pour le déplacement d’un tel niveau. Ce qui est également à déplorer c’est l’impression que la sécurisation de la partie est de notre pays ne serait pas une priorité malgré les multiples et redondants effets d’annonce des autorités, y compris de celles les plus hauts placées de la République. A la place, on voit des déploiements presqu’exhibitionnistes dans des provinces qui n’en requièrent pourtant pas, au même niveau que le Nord-Kivu par exemple ».
La question sécuritaire est une priorité urgente sur laquelle il faut impérativement et rapidement se pencher, conclut le Professeur Bily BOLAKONGA.
Cet incident étonne plus d’une personne. Selon les informations en notre possession, la police et l’armée n’étaient pas informées du déplacement du chef de la mission diplomatique d’Italie en RDC. Un haut cadre de la Police Nationale Congolaise au Nord-Kivu se dit surpris de constater que l’ambassadeur d’Italie en République Démocratique du Congo s’est déplacé dans une zone à risque sans informer la police ni l’armée.
La Rédaction