Le tournant ? (Tribune de José Nawej)

A la lisière, à l’heure  ou déjà  au seuil du tournant ? La réponse dépendra sans doute de la sensibilité ou du ressenti personnel. Surtout dans un pays où chacun voit midi à sa porte. Une chose est, cependant, sûre, les preuves du tournant se sont amoncelées comme jamais auparavant le week-end dernier. Et ce, à la vitesse grand  V.
Tel Jules César -il est à la mode – la majorité Union sacrée de l’Assemblée nationale a franchi le rubicon. Denis Kadima  et son équipe- aussi querellée qu’incomplète-  ont  été entérinés au cours d’une plénière mouvementée. Un passage en force… avec force dégâts collatéraux : boycott de l’opposition parlementaire  et protestation notable au sein même de la majorité. Résultat, c’est un bureau Kadima privé de l’onction de la CENCO et de l’ECC ; de la caution du FCC et de l’AMK et Alliés, et GS-G7- bloc katumbiste (70 députés) – et, last but not least, ignoré par Lamuka qui atterrit sur le bureau du Président de la république pour investiture.

De la réponse du chef de l’Etat dépendra la suite du tournant.
 Fatshi qui n’échappe pas à la notion de statut et de rôle est  écartelé entre le Président de la république garant et  arbitre du fonctionnement régulier des institutions et le candidat-Président   au profit  de qui in fine toutes les stratégies de l’Union sacrée  sont élaborées. Vive le grand écart ! Entre l’homme d’Etat et l’acteur politique, ce sera qui ? Telle est la question à 1 milliard de dollars annoncés par les Emirats arabes unis.


Tournant ? Au moment où les travées de l’Hémicycle étaient le théâtre de l’épilogue parlementaire du feuilleton  « Kadima » , le très symbolique boulevard Lumumba à Limete vivait un événement suffisamment rare pour être souligné. Plusieurs milliers de sympathisants de Lamuka battaient le pavé dans le fief de l’UDPS.


 Comme pour acter que dorénavant, personne n’a le monopole  ni du  « peuple » ni même du cœur pour reprendre la formule choc  du candidat Président du centre droit Valéry Giscard d’Estaing qui interpellait son rival socialiste François Mitterrand lors du débat de l’entre deux tours de la présidentielle  française de 1974.
Dans une vaste ville où les porteurs du discours pro peuple sont aux… affaires et certains dans les  « affaires » , Lamuka occupe opportunément le vide. Apparemment, la mayonnaise prend. Le contexte social…aidant.    Dans cette capitale où l’ex-province de Léopoldville est une réalité que cache de moins en moins bien  le vernis des couleurs politiques, le tandem Fayulu- Muzito est aussi à considérer à l’aune de cette symbolique sociologique. 


Alors, si paraphrasant  le poète Pierre Reverdy, le tournant n’existe pas ; il n’y a que des preuves du tournant, on est servis. En témoignent  « le seul devant sa conscience » de Fatshi, la grogne des Katumbistes encore au sein de l’USN, le boycott du  FCC, la démonstration de force de Lamuka, l’éventuelle croisade de deux mastodontes des confessions religieuses au cas où la carte Kadima serait investi Président de la CENI par le chef de l’Etat.

José NAWEJ

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