RDC – ESU : Accord Gouvernement – RAPUCO, le Gouvernement respectera – t – il ses promesses ? Un leurre ?

Le samedi 2 avril dernier, un accord a été trouvé entre le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et les représentants du RAPUCO. Les professeurs, les chefs des travaux et les assistants ont vu leurs salaires réajustés. Ce compromis est le résultat des travaux de la commission paritaire amorcés le lundi 28 mars 2022. Le contenu de cet accord sera d’application en janvier 2023. Il est donc clair que cet accord vient mettre fin à la grève déclenchée depuis le 5 janvier de l’année en cours.

Mais plusieurs enseignants demeurent sceptiques. Le Gouvernement RD-Congolais, pensent-ils,  est passé, depuis un certain temps,  maître dans des promesses non tenues. Certains pensent même que le Gouvernement a accepté de signer cet accord pour éviter une année blanche et toutes les conséquences qui peuvent s’en suivre.

Rien ne rassure que le gouvernement va tenir ses promesses, pense un professeur de l’Université de Kisangani. Cet enseignant explique que jusqu’à présent, il n’y a rien de concret, le contenu de l’accord n’est pas encore mis à la disposition de tous et seuls les négociateurs, qui sont encore à Kinshasa, connaissent la réalité. Pour ce professeur, cet accord est une déception.

« …le sentiment est mitigé. Premièrement, c’est  la déception, car après trois mois de grève, rien de concret jusqu’à présent. Rien ne rassure que le gouvernement va tenir les promesses au regard de plusieurs promesses non tenues avant les nôtres, sentiment d’être roulés. Le deuxième sentiment c’est l’espérance face aux gouvernants méprisant qui pensent qu’ils vont tenter de respecter la parole pour éviter une nouvelle grève… »

Un autre enseignant de cette même université pense que ce n’est pas la signature de l’accord qui est la solution. Selon lui, plusieurs accords non appliqués on précédé celui – ci. Il pense que ce sont, d’ailleurs, des promesses élastiques non tenues ayant entraîné la perte du pouvoir d’achat des enseignants qui est à la base de la reprise de la grève actuelle qui avait été tout simplement suspendue il y a quelques années. Mais il se pose une question : En attendant, comment vit le professeur d’ici 2023 ?

« …quand on promet de rétablir le salaire que le professeur avait il y a cinq ans pour 2023, que fait-il ? Comment vit-il d’ici 2023 ? Le trop perçu de crédit auto délivré en 2011, comment expliquer que l’État ne puisse pas rembourser à 1500 professeurs environ leurs 3000 USD trop perçus indûment ?… »

Il termine en expliquant que pour suspendre la grève, il eût fallu avoir un geste concret pour satisfaire les revendications.

Un analyste politique, Jules Jospin BOUMBE, note que ce n’est pas la première fois que le gouvernement national s’engage à satisfaire aux exigences des enseignants tant des cycles primaire et secondaire que de l’université. Il le fait le plus souvent pour désamorcer la bombe lorsqu’il se sent coincé. Où en est-on avec les accords sur les barèmes de Mbudi et Bibwa?

Pour lui, le Gouvernement s’expose à deux risques en faisant des concessions sur l’augmentation ou l’actualisation des salaires des enseignants.

« …1. S’il n’arrive pas à respecter les engagements pris, les enseignants bloqueront l’achèvement de l’année académique en début d’année prochaine. Rien ne prouve que le gouvernement disposera d’un budget significatif en 2023, à même de faire face aux multiples problèmes des congolais….2. S’il respecte les promesses faites, il doit s’attendre à une valse des revendications de la part d’autres agents et fonctionnaires de l’Etat qui sont très mal payés… »

En signant cet accord, selon lui, le gouvernement se met la corde au coup car avec la modicité reconnue au budget national congolais mêlée d’une politique de mauvaise gestion de la chose publique, il ne sera pas à mesure de satisfaire à toutes les exigences des enseignants.

Pour Mbuyi Mukadi, journaliste et responsable du médias en ligne orientale info, Il y a lieu de signaler que le Gouvernement de la république, depuis la succession de plusieurs ministres nationaux de l’ESU, de Mashako Mamba à Muhindo Nzangi en passant par Steves Mbikayi, Thomas Lohaka… est habitué à attendre le soulèvement de Professeurs, de Chefs de travaux, de Personnels Scientifique, Administratif et Ouvrier pour essayer d’organiser des assises appelées « bipartite, tripartite, quadripartite etc. », sous prétexte de chercher à mettre fin aux mouvements de grève ou de cessation d’activités académiques à travers la république. Et pour ce faire, on propose aux grévistes des avantages, même utopiques, pourvu que l’on souffle sur le calumet de la paix et sauver l’année académique.

Une fois année reprise, les clauses deviennent des paperasses longeant les tiroirs de différents cabinets concernés.

« … Mais, je reste sceptique…On nous parle de la majoration, de doublement de salaire de professeurs associés, professeurs, professeurs ordinaires, professeurs émérites, selon les cas, l’octroi de véhicules, de bourses de recherches etc. Quelles bonnes intentions !!! Tout ceci était-il prévu dans le budget en cours ? Je ne crois pas. Que prévoit le budget en cette matière précise ? Le Ministre devait rassurer les professeurs avec des indicateurs chiffrés réalistes figurant dans le budget, exercice en cours. Sinon, c’est de l’utopie… »

Selon ce énième accord, signé le 2 avril 2022, les professeurs toucheront entre deux et trois milles dollars américains selon les grades, 624 $ pour les chefs des travaux, 292$ pour un assistant 2ème mandat et 252 usd pour un assistant 1er mandat. L’accord prévoit également une prime annuelle de recherche de 320 usd pour les professeurs d’universités et l’octroi des véhicules aux professeurs au courant de ce trimestre. Ce nouveau barème sera d’application en janvier 2023.

Plusieurs personnes interviewées pensent que le Gouvernement risque à nouveau de decevoir les enseignants et ne pas respecter ses engagements. Mais une minorité pense qu’en signant cet accord, le Gouvernement est sûr de le respecter. Mais les professeurs et tous les agents de la fonction publique ont encore en tête l’accord de Mbudi, un accord signé le 12 février 2004 à Mbudi. Le Gouvernement s’était engagé à payer à un huissier 208 USD. Dix huit ans plus tard, rien n’est fait.

La Rédaction.

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