Débauche d’énergie pour les Léopards, peu d’entrain pour le reste.
Quelle débauche d’énergie autour de nos vaillants Léopards ! Quelle mobilisation de tout l’appareil d’Etat pour la double confrontation Rd Congo -Maroc ! Pas matière à faire la fine bouche. Pas non plus le moment de jouer l’empêcheur de tourner en rond.
Le sport et, en particulier le foot, aimante les foules, soulève les passions, les cristallise et sert de canal d’expression du patriotisme. Voire du chauvinisme, cet antichambre du nationalisme. Surtout lorsqu’il s’agit de l’équipe nationale. Normal donc qu’ici et ailleurs, hier et aujourd’hui, les gouvernants, jusqu’à la cime de l’Etat s’en mêlent en caressant le secret espoir de tirer profit du résultat en cas de succès.
De fait, vu de RDC, se profile à l’horizon un chevauchement heureux entre le calendrier FIFA avec une coupe du monde en décembre prochain et l’agenda préélectoral. Une visite du Pape en juillet, une qualification en mars pour Qatar 2022 en décembre et, très probablement, une reprogrammation de la venue du couple royal belge. Qui ne rêverait de pareil alignement de planètes ?
Retour au duel des fauves de toutes les tensions et les attentions avec cette question -naïve ? – d’un compatriote préoccupé par l’état du pays : pourquoi nos dirigeants ne dupliquent-ils pas cette mobilisation tous azimuts dans les autres domaines de la vie nationale comme la santé, l’enseignement, le transport, l’habitat …bref dans l’amélioration du social du Congolais ?
Cette interrogation, en réalité atemporelle, ne manque pas de pertinence quand on considère le contraste entre l’implication totale et entière et à la vitesse grand V de tout l’establishment dans le dossier » Léopards » et le peu d’entrain observé lorsqu’il est question, par exemple, de donner suite aux revendications légitimes des enseignants, des personnels soignants ou de tenir certaines promesses vitales pour la majorité silencieuse.
Au contraire d’autres secteurs où les attentes sont tout aussi prégnantes, pour le foot, les ressources sont immédiatement mobilisées. Y compris pour motiver la kyrielle de féticheurs et autres vendeurs d’illusions qui prédisent la victoire. Des oracles sans miracles à faire rire tout connaisseur du football professionnel qui sait que le secret du succès réside dans le travail physique, technique et tactique.
Au passage, difficile d’expliquer que les « féticheurs » de tout acabit aient publiquement droit de cité et pignon sur rue dans un pays dédié solennellement » entre les mains de l’Eternel Dieu Tout- Puissant « . Ironie du sort ou simple coïncidence ? Cette prière collective avait eu pour cadre le même stade des Martyrs. De quoi en perdre non son latin, mais sa foi.
José NAWEJ