Ces sinistres, thermomètre du pays réel
Exit, l’image d’Epinal, façon carte postale, des 9èmes jeux de la francophonie. La bulle s’est même dégonflée. Place au pays réel qui fait démentir chaque jour le pays légal aux chiffres flatteurs dont parlent matin, midi et soir les cols blancs en terme d’exploit.
Une énième illustration ? Cet incendie qui a embrasé hier le camp Lufungula au cœur de Kinshasa. Ce camp qui, comme les autres camps militaires, rime avec promiscuité et précarité. Des policiers, leurs dépendants ; ces derniers avec les dépendants ; ceux-ci avec leurs dépendants aussi …survivent entassés sur des espaces que le colonisateur belge avec prévus pour des familles restreintes ! Une surpopulation, terreau idéal non seulement pour toutes les maladies contagieuses, mais aussi pour tous les sinistres imaginables comme insoupçonnés. C’est le cas des flammes d’hier. Dieu merci, jusque tard il n’y avait pas encore mort d’homme. Mais les dégâts matériels sont énormes. Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, les habitants de ce camp comme d’autres cités dortoirs sont comme en sursis. Ils n’ont que la baraka divine comme ange gardien.
De fait , le camp Lufungula , hier le rond-point Ngaba, avant -hier le marché Matadi Kibala ont le triste mérite de renvoyer , brusquement , tel un miroir, l’image réelle du pays que les Congolais d’en haut regardent sans voir et entendent sans écouter .
Quelle légitimité charrient nos discours savants, ésotériques sur le taux de croissance , l’inflation maîtrisée , les réserves de change tutti quanti si le quotidien du Congolais lambda empire à l’œil nu plutôt qu’il ne s’améliore ? A quoi sert d’élire rituellement des dirigeants à tous les niveaux si le moindre dividende social n’est au rendez-vous ?
Voilà des questions et tant d’autres de cet ordre que les vraies gens se posent -avec raison- dans le pays réel.
José NAWEJ