Courtoisie républicaine ou allégeance ? (Tribune de José Nwej)

Dans des démocraties aussi installées qu’apaisées, il n’est pas rare de voir un élu de l’opposition saluer le chef de l’Etat lorsque celui-ci est de passage dans son fief. Cela s’appelle » courtoisie républicaine « . Serions-nous dans ce cas de figure avec le déplacement de certains parlementaires estampillés » Kabilistes du cru » pour leur Kasaï natal à la rencontre du Président de la république ? Pas évident.

Ne serait-ce que parce que de prime abord, la démocratie rd congolaise est loin d’être installée. Encore moins apaisée. L’absence de la moindre passerelle républicaine entre le Pouvoir et l’opposition réelle -par opposition à l’opposition gentille- témoigne de la fragilité de l’embryon de la démocratie.

En l’occurrence, pour peu que l’on se remémore le film du divorce entre Fatshi et son » frère » JKK, on ne voit pas les » bonzes » du FCC et du PPRD obtenir le quitus de celui-ci pour aller » accueillir » celui-là ! Plus trivialement, convié bien malgré lui au spectacle de la transhumance en boucle depuis les années Mobutu, le Congolais n’a même pas besoin d’un long CQFD -ce qu’il fallait démontrer- pour décrypter l’énigme de façade que représente la version tropicale de la » courtoisie républicaine ». La suite et même l’épilogue du feuilleton sont connus d’avance : l’allégeance à celui qui a la signature.

Dans un pays où l’essentiel de la classe politique vit ou plutôt survit du degré de connexion à l’appareil d’Etat, rester longtemps dans la réserve de la République ou user ses pantalons sur le siège de l’opposition est souvent synonyme du déclassement politique. Difficile d’entretenir, plus encore de fidéliser une base qui vit plus du pain que de la parole. La clochardisation des Congolais par les politiques ayant transformé les mêmes acteurs politiques en « assistants sociaux « . Ici plus qu’ailleurs, l’argent…public est devenu le nerf de la politique. Bonjour la quadrature du cercle !

Souvenir, souvenir ; il y a un an une vaste OPA emporta l’édifice « majorité » de Joseph Kabila. La ville, le pays et le monde assistèrent à une transhumance parlementaire sans précédent. Ou presque. Du haut de son impressionnante production en sciences politiques, Maurice Duverger a dû se retourner mille fois dans sa tombe. Ainsi naquit l’Union sacrée de la Nation. L’historiographie officielle fit état de la requalification de la majorité parlementaire

Une année après ce séisme politique ou politicien, ça sent la réplique. S’il était demandé au très célèbre Hergé d’actualiser outre-tombe « Tintin au Congo« , il ne manquerait pas de faire dire à Dupond : « la politique est très dynamique ». Ce sur quoi embrayerait Dupont en renchérissant : » je dirais même plus : très, très, très dynamique en RDC jusqu’à tout dynamiter ! Même le pays ! »

José NAWEJ

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