CULTURE / Goma : Atelier de renforcement des capacités des metteurs en scène : un laboratoire où l’échec est permis.
C’est depuis le samedi 10 décembre 2022 que les metteurs en scène du Pôle Culturel Est séjournent à Goma, la ville volcanique, dans la province du Nord Kivu. Venus de Kisangani, Bukavu, Bunia et Goma, ils sont réunis autour du facilitateur Djo NGELEKA pour un renforcement des capacités sur le choix, l’étude et l’exploitation d’un texte de théâtre.
Selon Ma Gloire BOLUNDA, Coordonnateur du Groupe TACCEMS Asbl, qui supervise cet atelier d’échanges d’expériences, il est question d’outiller suffisamment les participants pour une amélioration dans leur manière de travailler afin de déboucher sur des œuvres culturelles de qualité.
« …les objectifs assignés à cet atelier sont à prendre à deux niveau. Nous renforçons les capacités des metteurs en scène du Pôle Culturel Est pour les aider à produire des œuvres de qualité, des œuvres qui soient compétitives sur le plan national et international… »
Pour Djo Ngeleka, comédien, dramaturge, metteur en scène et facilitateur de cet atelier, la mise en scène est un vrai défi dans notre pays, puisqu’elle est à la base de la qualité des spectacles. Cependant en République Démocratique du Congo, pour la grande majorité, explique Djo Ngeleka, les artistes se forment sur le tas et ont peu de chance de rencontrer et d’être rencontré.
« …Or le théâtre est un art des rencontres et d’échanges. On se nourrit en regardant, en échangeant et en rencontrant les autres sur leurs pratiques, ce qui n’est presque plus le cas dans presque toutes les villes de la République Démocratique du Congo où le théâtre résiste… »
Par ailleurs, Djo Ngeleka fait un constat sur le danger qui guette le domaine de la mise en scène à l’Est de la République Démocratique du Congo. Selon lui, les villes de Bunia, Bukavu, Kisangani et Goma sont en proie à l’instabilité sécuritaire. Ceci amène les artistes à s’adonner au théâtre participatif et de sensibilisation.
« Ce théâtre participatif et de sensibilisation promu par les ONG et où les messages à divulguer l’emportent sur les aspects théâtraux, dominent aujourd’hui sur le terrain en terme de visibilité et constituent pour ces artistes le seul moyen de survie et de la survie de leur théâtre, ce qui les amènent à oublier ce qui est fondamental au théâtre, la mise en scène. Animer donc un atelier de mise en scène dans cette partie de la République, est un besoin, une urgence à laquelle il faut vite répondre. Ceci ne doit pas être une activité sporadique mais plutôt continue. Un suivi avec la même équipe sur une période de temps afin d’outiller ces artistes dans la pratique du théâtre contemporain… »
Cet atelier, à en croire, Djo Ngeleka, est un moment de laboratoire où l’échec est permise. Un moment de construction et de déconstruction où les savoirs des parties en présence sont mis à l’épreuve. Un moment de questionnement sur leurs pratiques habituelles.
Mais, regrette- t – il, une seule formation ou des formations sporadiques ne suffisent pas pour inculquer toute la matière aux apprenants. C’est pourquoi Djo Ngeleka souhaite cheminer avec ce processus d’atelier jusqu’au bout, c’est à dire partir du choix du texte jusqu’à la création complète d’un spectacle de théâtre.
Cet atelier de renforcement des capacités rentre dans une série de formations initiées par le Groupe TACCEMS Asbl et qui s’étalent sur cinq mois. En fin de mois de novembre, un atelier sur le plaidoyer et la gestion d’un espace culturel s’est tenu à Kisangani. Après cet atelier de Goma, deux autres sont prévus en février sur le jeu et la direction de l’acteur, à Bukavu, et sur la régie son et lumière, à Bujumbura. Ces ateliers déboucheront sur une création des artistes et metteur en scène formés au mois de Mars prochain à Goma.
Il est à signaler que tous ces travaux bénéficient des appuis financiers de Africalia Belgium et ACP-UE dans son programme créer en Afrique.
La Rédaction.