De F comme fiable à D comme diable (Tribune de José Nawej).

De fiable à diable. De Paul à Saul. Derrière ces deux rimes, une très longue distance sémantique. Juste d’une consonne à une autre, voici Fatshi auteur -bien malgré lui ?- d’un oxymore. De Paul Kagamé, « partenaire fiable » au « variant Rwanda » cause de l’insécurité dans les Grands lacs, le « j’accuse » façon Zola du numéro 1 rd congolais sent le grand écart. Pourtant, le CQFD – ce qu’il fallait démontrer – du Président Tshisekedi en réponse à une question d’une consoeur rwandaise n’a rien d’un Eureka.

Il y a un quart de siècle, les Congolais non instrumentalisés pour cautionner déjà l’agression rwandaise s’étaient déjà fait leur religion sur l’homme fort de Kigali. L’euphorie et le mirage de la libération évacués, Kabila-père et son alter ego Yerodia Ndombasi ont appris aux Congolais à articuler à haute et intelligible voix ce que le lointain successeur de Mzee prononce aujourd’hui. La suite ne leur a jamais donné tort.

Même lorsque l’UDPS, par tactique politicienne, attribuait la guerre dans l’Est à « l’absence de démocratie« , l’insécurité dans les Grands lacs avait toujours pour nom « le Rwanda du même Paul ou, plus exactement, « Saul » Kagamé. Même quand le Président rwandais a pris un bain de foule assorti d’un standing ovation au stade des Martyrs en plein cœur de Kinshasa, il n’avait nullement fait acte de contrition pour mériter cet honneur suprême.

Paul Kagamé n’était donc pas dans un processus de dédiabolisation. Lui qui n’a jamais fait ne serait-ce que le minimum syndical, c’est-à-dire exprimer ses regrets pour les millions de victimes congolaises causées par l’Armée rwandaise ou ses supplétifs (RCD, CNDP, M23…) dont il est l’autorité morale.

Le hic, côté rd congolais, c’est cette propension de tout nouveau pouvoir à jeter le bébé avec l’eau du bain. Cette politique de la tabula rasa -dictée respectivement par l’anti-mobutisme puis l’anti-kabilisme primaires – qui prive la Nation de ses constantes et de ses repères. Alors que sur des questions existentielles comme celles de la guerre menée non contre Mobutu, Kabila père et fils, mais contre la RDC, la concertation entre dirigeants d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui n’est pas une option. C’est un impératif sécuritaire.

Il est effarant de constater que pour des contradictions, somme toute secondaires par rapport aux intérêts fondamentaux du pays, les deux Présidents -celui en exercice et son prédécesseur- ne se concertent guère. Comme si les équations individuelles faites de comptes non ou mal soldés passaient devant le sort de la patrie.

José NAWEJ

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