Édito : Vivement « l’ostpolitik »!
« Ostpolitik« . Ce n’est pas le titre d’un film. Encore que l’heure est suffisamment grave pour faire un clin d’œil à la fiction. Il s’agit tout simplement littéralement de la « nouvelle politique envers l’Est« , conçue et prônée par le chancelier ouest- allemand des années chaudes de la guerre froide, en la personne de Willy Brandt. Il était question pour Bonn- capitale d’alors de la RFA- d’avoir une approche holistique dans son rapport avec la RDA et plus généralement avec les pays du pacte de Varsovie.
Mutatis mutandis, à la lumière de la énième agression du Rwanda avec très vraisemblablement la complicité de l’Ouganda, la mise sur pied d’une vraie politique de l’Est devient impérieuse. Si on n’était pas collectivement abonnés à la conception angélique des relations entre États, il y a belle lurette qu’on aurait cessé de naviguer à vue dans les eaux boueuses et scabreuses des grands lacs.
L’équation à l’Est est si claire que continuer à se perdre en conjectures sur la conduite à tenir devient superfétatoire. D’abord parce que droit dans ses bottes- au propre comme au figuré- , Paul Kagamé n’a jamais fait mystère de son dessein . Le moyen pour réaliser son objet social -(sous- traitance du cas Congo) est ouvertement militaire. Militariste même.
Cela fait un quart de siècle qu’il est au clair avec sa doctrine. Avec l’homme fort de Kigali, on est en plein dans le dicton « un congolais averti en vaut au bas mot 85 millions » !
Il va donc sans dire que face au régime rwandais, sponsor archi connu des rebellions- écrans, dont la fumée ne trompe plus personne quant au feu causal, seule une logique de guerre totale peut le faire reculer.
Pour des raisons liées à l’assurance- pouvoir des dirigeants et à l’infiltration visible à l’oeil nu, Kinshasa a cru – ou peut-être croit encore- faire des omelettes sans casser les oeufs. Exercice impossible.
Deuxièmement, une autre vraie fausse croyance stratégique et tactique est de découpler le régime rwandais du pouvoir ougandais. Erreur. Grosse méprise.
Le premier est issu du second qu’il a aidé à prendre le pouvoir par les armes. Par un échange de bons procédés, le grand- frère a rendu l’ascenseur au jeune frère.
Il arrive, certes, qu’ils se querellent. Cas de figure normal, banal, trivial même dans toutes les familles. Ces bisbilles de famille s’arrêtent toujours net à la lisière de leurs intérêts ô combien imbriqués.
En termes marxistes, on dirait que les deux ont, de temps en temps, des contradictions secondaires. Mais, dans l’adversité ou dès que leurs intérêts vitaux sont en jeu, l’enjeu l’emporte sur les jeux.
En fin, de trois voisins que sont le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, seul ce dernier n’a plus de lien organique avec les deux premiers. Le pouvoir majoritairement hutu de Gitega n’étant pas la tasse de thé des régimes en place à Kigali et à Kampala. Est-ce un hasard ? La énième provocation de l’armée rwandaise a commencé, alors que le Président rd congolais se trouvait en visite officielle au… Burundi.
José NAWEJ