Enquête sur la mort de Patrice Lumumba, une parodie de justice ? (Dossier).
60 ans après, la mort du héros national, Patrice Emery Lumumba, toujours pas élucidée, et les responsables de sa mort pas toujours sous les verrous.
Perçu comme communiste par l’ONU et les États-Unis pour avoir reçu l’aide de Moscou en pleine guerre froide, Patrice Lumumba défendait une idée de l’unité nationale qui dérangeait la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, mais aussi certains Congolais.
Quid des enquêtes sur sa mort
Pendant que « la responsabilité morale » de certains responsables belges à été établie dans la mort de Patrice Emery Lumumba, curieusement c’est la justice belge qui a ouvert les enquêtes.
Une parodie de justice ou une remise en question de sa responsabilité dans l’affaire ?
D’aucun voit l’implication de la justice belge pour tenter d’élucider les circonstances de la mort de Patrice Lumumba et établir des responsabilités comme un semblant de justice pour laver la Belgique.
Et pourtant la Belgique est loin de se résigner. Le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw a indiqué mercredi 19 janvier 2022, qu’une enquête était toujours ouverte en Belgique pour traduire en justice des personnes suspectées d’avoir participé à l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961. « Il y a encore deux personnes qui sont en vie »
« On est en train de faire le point par rapport aux poursuites qui pourraient être entamées. On a qualifié les faits de crime de guerre, ce qui a été confirmé par la Cour d’appel de Bruxelles. Ils ne sont donc pas prescriptibles. »
En décembre 2012, la justice belge avait annoncé qu’à la demande de la famille de Patrice Lumumba, elle allait lancer une enquête sur cet assassinat dans le cadre de la loi dite de « compétence universelle », qui autorise la poursuite de personnes soupçonnées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide si les plaignants ou l’accusé ont un lien avec la Belgique.
Certains en Belgique estiment que la chambre des représentants n’a pas terminé son travail et n’a pas fait il y a vingt ans toute la lumière sur la mort de Patrice Lumumba. Il reste que le déroulement d’une perquisition dans le parlement fédéral belge est une première et consiste un peu pour la justice à sortir l’artillerie lourde. Le porte-parole du parquet, Eric van Duyse veut rassurer et affirme que la perquisition « s’est faite dans la bonne entente entre la justice et le Parlement ».
Mais que fait la justice Congolaise ?
Depuis sa mort en 1961 jusqu’à ce jour, aucune action n’a été tentée par la justice Congolaise pour essayer de comprendre les circonstances de la mort de Patrice Lumumba ni moins traquer les responsables.
En clair, la justice Congolaise participe impuissamment à la démarche entreprise par la Belgique pour arrêter les responsables de la mort de Patrice Lumumba.
De l’autre côté, le parquet fédéral belge a mené mardi 18 janvier 2022, une perquisition au parlement pour saisir les documents de la commission d’enquête parlementaire de 2000-2001 sur la mort de Patrice Lumumba. Cette perquisition arrive alors que cette semaine aurait dû célébrer le retour à Kinshasa des reliques de ce dernier, à savoir une dent emportée après sa mort par un des policiers belges impliqués dans son exécution.
Le parquet belge a donc placé sous scellés les documents qui – il y a vingt ans – ont alimenté pendant 18 mois les 88 heures de réunions de la commission d’enquête parlementaire. De quoi intéresser la juge qui instruit la plainte déposée en 2011, une plainte qui a débouché sur une qualification de crime de guerre pour l’exécution de Patrice Lumumba.
Patrice Lumumba est entré dans l’histoire le 30 juin 1960 avec son discours contre le racisme des colons en présence du roi des Belges Baudouin pendant la cérémonie officielle marquant la naissance du Congo:
« nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des Nègres ».
Son parcours fulgurant s’achève six mois et demi après ce discours retentissant, le 17 janvier 1961. Déchu, humilié, torturé, celui qui fut le premier Premier ministre du Congo est exécuté en pleine brousse à 50 km d’Elisabethville (l’actuelle Lubumbashi) par des séparatistes katangais et leurs hommes de main belges. Il avait 35 ans.
Pompon BEYOKOBANA