Justice : des mots c’est bien, des actes c’est mieux.

Que de procès sur la Justice ! Que de condamnations contre la magistrature ! Chaque régime y est allé de sa peine. Chaque magistrat suprême -depuis le Maréchal Mobutu – y est allé de sa sentence. Et la série continue !

Au crépuscule de son mandat, le Président Tshisekedi a, en l’espace de deux semaines, dressé un réquisitoire très sévère contre l’appareil judiciaire. Cet ultime procès de la magistrature est assorti de la détermination affichée du chef de l’Etat à redresser la Justice. Sans doute que le Président se projette dans le prochain quinquennat. Car, on ne voit pas trop comment guérir le grand malade-il n’est pas le seul- de la République qu’est le pouvoir judiciaire.

Le problème c’est que, sans se faire l’avocat du diable, la quasi-totalité de procès intentés contre la Justice le sont uniquement à charge. Rarement, on n’accorde des circonstances atténuantes aux magistrats qui, sans justifier la déglingue, l’expliquent en partie.

Sans souscrire totalement à la thèse de Malraux selon laquelle « juger, c’est ne pas comprendre« , on pourrait néanmoins noter que dans les différentes fatwas contre les « juges« , on n’intègre pas assez l’environnement dans lequel ils travaillent.

Est-ce que les cours et tribunaux ont les moyens de leur indépendance comme pouvoir distinct de deux autres pouvoirs ? Et surtout du pouvoir exécutif ?Ont-ils les moyens de leur politique ou, font-ils la politique de leurs moyens? Est-ce que dans la praxis du fonctionnement des institutions, le pouvoir judiciaire est à l’abri des interférences et autres injonctions ? Est-ce que les conditions sociales du magistrat le mettent en situation d’avoir le nécessaire magistère moral sur le justiciable ? Poser toutes ces questions, c’est y répondre.

Sans remonter au déluge, des cas concrets frais en mémoire renseignent qu’il n’y a pas que la paille dans l’œil du magistrat. Il y a bien aussi la poutre quelque part.

En somme, si procès il y a, c’est celui de toute la société. Et le magistrat ne devrait être qu’un co-accusé. Et que le condamner invariablement et sans nuance comme s’il était né intrinsèquement mauvais – sacré pied de nez à Jean-Jacques Rousseau – , c’est chercher à se donner bonne conscience alors que la « faillite » de l’appareil judiciaire participe du chaos ambiant . Le ver étant dans le fruit.

Par conséquent, ce n’est pas à coup et à coût de mots, de formules oratoires, bref de discours, mais par des actes que l’on redorera le blason hyper terni de la magistrature.

José NAWEJ

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