La spirale de la répression… (José Nawej).
On aura beau changer de lunettes. Verres progressifs pour vue de loin et même de près. Les yeux voient la même chose : la répression. On aura beau multiplier des communiqués chargeant à raison ou à tort l’opposition, des circonlocutions oratoires pour ne pas nommer ce qui s’est passé le 20 mai dans les rues et autres carrefours de Kinshasa. Une chose remonte in fine à la surface et marque les esprits : la répression.
Samedi 20 mai 2023. Un autre 20 mai. Après celui de 1967. Et c’était un samedi. Les Congolais pensaient avoir fini avec le très long régime de la répression inauguré par le MPR, il y a …plus de cinquante ans. Une dictature avec ses nombreux variants que l’UDPS affirmait combattre en vue d’instaurer l’Etat de droit. Sous quelque prisme que l’on considère la rue kinoise, on ne peut que s’écrier: tout ça pour ça, espoir déçu, illusion perdue et par-dessus tout, quel gâchis !
Les prémices et prémisses de la spirale de la répression sont là. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la longue jurisprudence a achevé d’apprendre aux Congolais que tout est aléatoire, provisoire et illusoire dans la répression. C’est un engrenage dont l’issue est toujours fatale à celui qui croit en tirer bénéfice. Un avantage factice. Un gain en trompe-l’œil. En définitive, un sursis. Malheureusement, le politique congolaise a coutume de casser le rétroviseur une fois confortablement installé dans le véhicule.
Sinon, pourquoi diable avoir dénoncé dans tous les dialectes la répression jusqu’en…2018 pour y recourir face à des opposants pacifiques ? Pourquoi avoir critiqué matin, midi et soir Mobutu, Kabila père et fils si c’est pour reproduire leurs recettes en matière de gestion des manifestations publiques ?
Dédoublement, voire triplement ou -en tout cas- superposition des marches pour sinon noyer, à tout le moins parasiter la procession que l’on redoute, à savoir celle de l’opposition. Les partis satellites du MPR excellaient dans cette pratique. Sous Kabila Junior, des supplétifs du Régime projetaient des contre processions le jour de la marche de l’opposition. Pratiques contre lesquelles Tshisekedi père et fils s’élevaient avec raison. Tout comme l’opposition d’alors fustigeait la répression des manifestations et mettait celle-ci sur le dos de « Monsieur Mobutu » et puis de « Monsieur Kabila« . Alors, question à un franc congolais sans cesse déprécié par rapport au dollar : sur le dos de qui devrions-nous mettre la répression du 20 mai 2023 ?
Dans sa tombe, l’auteur dramatique français Philippe Néricault peut constater que vient une fois de plus de prendre une cure de jouvence sous les tropiques rd congolaises. « La critique est aisée, mais l’art est difficile« , écrivait-il au…XVIIIème siècle.
José NAWEJ