L’alternance c’est bien, l’alternative c’est mieux (Tribune de José Nawej)

Pour Félix-Antoine Tshisekedi, l’heure de la reddition des comptes n’a évidemment pas encore sonné. Les trois ans passés à la cime de l’Etat congolais ne sauraient préempter tout un quinquennat. En ce lundi 24 janvier, il est indiqué de parler d’évaluation d’étape. Même alors, dans un pays où chacun voit midi à sa porte, l’exercice est tout, sauf une sinécure.

Que faire ? Essayer-seulement- de raboter ce manichéisme recourant à l’allégorie du verre selon qu’on le voit à moitié plein ou à moitié vide.

A moitié plein ? Décrispation avec la libération des » prisonniers politiques » et le retour d’exil pour ceux qui craignaient pour leur sécurité. Mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques. Réduction du prix du billet d’avion sur les vols domestiques. Retour de la RDC sur la scène internationale avec la présidence tournante de l’Union africaine comme cerise sur le gâteau. Reprise du programme formel avec les institutions de Bretton Woods. Last but not least, les nominations des Congolaises à des postes éminents.

En voyant le verre de -bière ?- à moitié vide, on a réalisé même que la partie pleine est parfois constituée de mousse seulement. C’est le cas de la décrispation qui a été frelatée par toute une série de pratiques du monde d’avant -débauchage, achat de consciences, répression des manifestations publiques, privatisation de l’Etat… – qui font croire à un retour au statu quo ante.

Gratuité de l’enseignement ? Sans aller jusqu’à dire que l’expérience a fait pschitt, force est tout de même de constater qu’administré sans calmants ni vitamines, le remède s’est avéré plus dangereux que la maladie qu’il devait soigner. Résultat, Dr Fatshi a dû revoir sa prescription médicale.

Remariage avec le FMI ? Rien de vraiment nouveau sous le soleil. Le Zaïre de Mobutu et la RDC de Kabila ont su être, par le passé, des épouses exemplaires du très exigeant mari résidant à Washington. La suite, tous les Congolais la connaissent. Ici comme du reste ailleurs sur le Continent, les histoires d’amour avec le FMI finissent généralement mal. Prophète de malheur ? Non. Plutôt chat échaudé.

Assainissement du cadre macro-économique? Autre vieille lune. A quoi sert d’avoir des indicateurs au vert si l’ordinaire des Congolais est toujours au rouge ? Surtout si le ressenti est que ce rouge est même passé d’écarlate à du foncé. Si les tenants du nouveau pouvoir et leurs dépendants se sont confortablement installés et continuent à s’installer, le souverain primaire est souverainement oublié. Du moins jusqu’ici.

Moralité, si le Président Tshisekedi a encore deux ans devant lui pour convaincre, il n’en demeure pas moins qu’à ce stade, l’alternance ne charrie pas l’alternative. Dans pas mal de domaines, il flotte sur la ville et le pays un parfum estampillé » déjà vu » et » déjà entendu « .

Articulée au XIIIème siècle par l’auteur dramatique français Philippe Néricault, l’expression » la critique est aisée, mais l’art est difficile » devrait s’inviter au menu de la commémoration de l’an III de l’alternance sans…alternative.

José NAWEJ

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