M comme machin et P comme polémique
L’EAC, un machin ? Les Congolais peuvent-ils emprunter au général De Gaulle le terme « machin » applicable à l’ONU pour désigner ou qualifier la Communauté d’Afrique de l’Est ? A en juger par le flou opérationnel de la fameuse force régionale pilotée par le Kenya, poser la question c’est y répondre.
Pour les Congolais vivant dans l’Est du pays, les troupes de l’EAC ont tout d’une force de trop. Une force qui assiste impuissante à la violation du droit international par un membre et au refus par le M23 de se conformer à la feuille de route de Luanda. La RDC n’a nullement besoin d’un autre contingent spécialisé dans l’observation passive des impairs, d’occupation des pans du territoire national, des massacres des civils…Il y a, en l’occurrence, overdose en matière des forces d’observation.
A quoi sert alors l’EAC si sa force régionale ressemble davantage à une tour-opérateur qui largue des touristes dans la région verdoyante du Kivu.
Dans les principales villes de l’Est de la RDC, on n’a toujours pas fini de s’interroger sur le bien-fondé de l’adhésion de la RDC à une organisation sous régionale où les chevaux de Troie de l’agression contre la RDC tiennent le haut du pavé.
Pour le coup, l’EAC s’avère une contre- indication de la citation géopolitique de Napoléon Bonaparte selon laquelle un « Etat fait la politique de sa géographie ». Du fait justement de l’hostilité ambiante dans cet Est, la politique rd congolaise devrait s’appuyer sur d’autres alliances qu’inspire la géographie plurielle de la RDC. Et par-dessus tout, renforcer les FARDC de manière à ne plus avoir à sous-traiter des questions de souveraineté comme celles liées à la défense du territoire.
P comme polémique. Voilà l’expression pourtant fort datée « chasser le naturel, il revient au galop » rajeunir sous l’effet de la chaleur des discutailleries bien de chez nous. De quoi être enclin à conclure que le Pape a prêché dans le désert.
En tout cas, les armes de diabolisation massive dirigées contre le Cardinal Ambongo sont bien aux antipodes de la réconciliation en Christ que le Souverain pontife a enseignée dans chacune de ses adresses. Dans ce Congo où une certaine sensibilité a un talent insoupçonné de brûler facilement ce qu’elle a adoré hier et vice-versa, le constat somme toute trivial de la souffrance ambiante a reçu un tout autre écho.
Pourtant sous tous les régimes antérieurs, faire état de la sempiternelle misère du peuple valait à tous les pasteurs, y compris à Fridolin Ambongo, des applaudissements frénétiques.
D’où vient alors qu’il soit subitement interdit d’évoquer la souffrance de la majorité silencieuse ? Le Cardinal devait-il entonner le « tout va très bien madame la Marquise » ? Ou devait-il se remémorer les années MPR en s’exclamant devant le Souverain pontife: « heureux le peuple qui chante et qui danse » ?
Il serait dommage que le trésor d’enseignements du Pape soit sacrifié sur l’autel d’une polémique qui cache des velléités de conservation ou de conquête du pouvoir pour le pouvoir façon « j’y suis, j’y reste » face au « ôte-toi de là que je m’y mette ».
José NAWEJ