Mgr Muteba : que les boutefeux entendent ! (Tribune de José Nawej)

Avertissement sans frais aux boutefeux de tout bord. Tocsin à ceux qui, l’ivresse du lait aidant, fredonnent à cœur joie le « Tout va très bien Madame la Marquise ». Exhortation aux uns et aux autres sur le nécessaire vivre- ensemble. La lettre pastorale de l’Archevêque de Lubumbashi a valeur de sonnette d’alarme.

Centre névralgique de l’espace « Grand Katanga », Lubumbashi s’installe chaque jour un peu plus dans le rejet de l’autre dans sa différence et donc son altérité telle que le définit le philosophe Emmanuel Levinas. Les dernières nominations dans la petite territoriale ont enlevé le peu de vernis qui couvrait la plateforme présidentielle pour laisser place au face-à-face entre les jeunes de l’UNAFEC ceux de l’UDPS.

L’illustration grandeur nature que ces mises en place ne passent pas au sein même de l’Union « sacrée« , Danny Banza, mandarin du pouvoir Fatshi au Katanga, a dû calmer les partisans de feu Kyungu Wa Kumwanza en annonçant que le Président allait revoir la copie. Il n’y a pas meilleure preuve par l’absurde qu’une main noire -ou plusieurs – s’est invitée dans le casting jusqu’à la signature présidentielle ! C’est dire. Fin de la parenthèse qui s’imposait.

Pas besoin d’un dessin pour savoir que les affrontements dans la deuxième ville du pays cachent mal la résurgence des conflits inter communautaires. Dans ce climat délétère où l’enfer c’est toujours l’autre, le soupçon d’instrumentalisation du « dossier Katumbi » à la lumière de la démission du président du tribunal de commerce de Lubumbashi pourrait se muer en cette huile … supplémentaire sur le feu.

Des occurrences qui surviennent dans des circonstances où la cohésion nationale devrait, pourtant, être le maître mot. D’abord en raison du défi existentiel que pose l’agression dont le Rwanda et son excroissance congolaise putative sont la face visible. Ensuite, à cause des affrontements interethniques dans l’hinterland de Kinshasa. Enfin, du fait de l’imminence du coup d’envoi du marathon électoral.

Dans ces conditions, le sermon sur le vivre ensemble du Primat de l’Eglise catholique dans le Haut Katanga- et par extension dans tout le Katanga – a valeur de prescription médicale. Reste à savoir si les protagonistes iront jusqu’à se procurer cet antidote à la bêtise humaine. Rien n’est moins sûr. Les uns étant plongés dans l’illusion de la toute- puissance ad vitam aeternam du fait du pouvoir dont ils abusent et les autres étant rongés par des frustrations- qui ne sont pas toujours bonnes conseillères.

José NAWEJ

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