ONU : dénoncer rituellement le Rwanda et après
Ce ne serait pas une surprise d’entendre le chef de l’Etat rd congolais dénoncer, demain du haut de la tribune des Nations Unies, pour la énième fois l’agression rwandaise. Ce serait même le minimum syndical.
Vue de Congolais, cette dénonciation devient rituelle parce que « sans effet » pour emprunter au lexique kinois empreint de religiosité ambiante. Car, malgré moult plaintes articulées à chaque session de l’ONU par Kinshasa, les lignes-au propre comme au figuré – demeurent figées. Un statu quo favorable à l’occupant rwandais ainsi qu’à ses sous-traitants congolais battant pavillon M23.
Bunagana -pas seulement hélas – illustre cette incapacité des Nations Unies à faire respecter via notamment la MONUSCO le -sacro-saint ?- principe du respect de l’intégrité territoriale des Etats. Cela fait, en effet, plus d’une année, que cette cité située à la frontière avec l’Ouganda et …non loin du Rwanda est sous occupation. Des pans importants des territoires de Masisi et de Rutshuru aussi.
Des sommets que même le plus doué des Congolais en calcul ne saurait compter se sont tenus dans pas mal de capitales d’Afrique centrale, orientale, et même australe. Sans succès. Les processus de Nairobi et de Luanda, le déploiement de l’EAC, l’ultimatum du Président Macron formulé depuis Kinshasa début mars de cette année,.. rien n’y fait.
Et ce n’est pas la posture équilibriste de Washington qui ferait sortir le régime rwandais de sa zone de confort et d’influence. Les Etats-Unis d’Amérique renvoyant systématiquement dos-à-dos RDF et FARDC.
Quand ils demandent à Kigali de cesser tout soutien au M23, c’est généralement pour aussitôt « exhorter » Kinshasa à ne plus appuyer les FDLR. Du pain béni pour le Rwanda qui a beau jeu de légitimer l’agression par le prétendu soutien des autorités rd congolaises aux fantomatiques rebelles hutus rwandais que le Pouvoir rwandais essentialise comme « génocidaires » de père en fils .
Pour son ultime grand oral du quinquennat finissant devant l’Assemblée générale de l’ONU, il faudra donc bien plus que la condamnation de routine et de principe pour que Fatshi convainque les Congolais. En particulier, ceux habitant l’Est du pays. Lui qui avait subordonné la réussite de son mandat à la pacification de la partie orientale de la RDC.
José NAWEJ