Opposition: mode d’emploi… (Tribune de José Nawej)
Qui est opposant et qui ne l’est pas ? Vu de la rive gauche du pool Malebo, la question a tout d’un serpent de mer. Tant du fait essentiellement de la vacuité idéologique et de l’absence de débat « programme contre programme« , l’opposition est réduite à sa dimension triviale. A savoir s’opposer à celui qui dirige, le critiquer, tirer à boulets rouges sur lui, le rendre responsable de tout -y compris de la chaleur à Kinshasa-, l’affubler de noms d’oiseaux …En somme, s’opposer pour s’opposer. Bref la palme d’or revient à celui qui crie le plus fort.
Outre-tombe, le Maréchal Mobutu ne renierait pas cette définition caricaturale de l’opposition made in Zaïre-Congo. Depuis sa ferme de Kingakati, Joseph Kabila ne trouverait rien à redire. Ou presque. Lui qui a vu l’anti-mobutisme primaire de l’opposition dite radicale se muer en anti-kabilisme tout aussi primaire!
Si bien que lorsqu’il a fallu organiser des négociations, un critérium pathétique sur l’appartenance à l’opposition sera mis sur la table. Parmi les critères, « avoir été arrêté« , « avoir pris part à au moins une marche ou tout autre manifestation contre le pouvoir« , « avoir inhalé le gaz lacrymogène …
A force de ne considérer que le degré zéro de l’opposition, les politiciens zaïro-congolais ont réussi l’exploit de faire passer par pertes et profits l’essentiel du job description de l’opposant.
Etre opposant c’est non seulement s’opposer à un gouvernement, mais surtout disposer d’un programme issu d’un projet de société autre que celui mis en œuvre par le pouvoir en place. Une opposition n’en est vraiment une que si elle est assortie d’un programme alternatif. De là découle l’opposition de proposition.
Comme antichambre du pouvoir, l’opposition prépare à l’exercice des responsabilités d’Etat. C’est là qu’à travers notamment le shadow cabinet que se prépare l’alternance. Sans cette préparation-initiation à la gestion sur base d’un programme cohérent, le risque d’alternance sans réelle alternative est très élevé.
Tel est précisément le talon d’Achille des oppositions rd congolaises. Des opposants que rien d’objectif ne réunit. Ni vision, ni programme. Juste des alliances conjoncturelles dictées des règlements des comptes entre politiciens ou par l’aversion pour la personne qui détient le pouvoir. Des rapprochements momentanés autour des personnes qui se font aussi rapidement qu’ils se défont.
Pour ne pas remonter jusqu’au déluge, du seuil des années 90 à ce jour, les oppositions se bâtissent autour des hommes aux égos surdimensionnés. Quant à l’offre politique proprement dite, elle se fait toujours attendre.
José NAWEJ
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