Province orientale démembrée : a-t-elle accouchée des mort-nés ? (éditorial)

La loi de programmation déterminant les modalités d’installation de 26 nouvelles provinces en RDC était promulguée par l’ex chef de l’Etat Joseph Kabila. Cette loi prévoit le démembrement de six provinces c’est-à-dire la subdivision en plusieurs provincettes et le non-démembrement de cinq autres. La Province Orientale a accouché de quatre provinces, à savoir : la Tshopo, le Haut-Uélé, le Bas-Uélé et l’Ituri. La Province Orientale fut la plus vaste province du pays de part sa superficie estimé à 503.239 Km2 et une population estimée à 9 003 000 habitants (2015).

Six ans après le démembrement de la Province orientale, quel bilan ?

Contexte politique

Les ménages, particulièrement ceux qui vivent dans les régions affectées par les conflits, payent un lourd tribut. Ils ont vu leurs actifs essentiels de la vie considérablement détruits. L’accès aux services et aux infrastructures socio-économiques de base a été considérablement réduit. Les mouvements migratoires intenses des régions Est vers les Zones non en conflits, surtout vers les milieux urbains, ont exacerbé la vulnérabilité de populations. C’est le cas de la province de l’Ituri.

L’ex Province Orientale, la plus vaste et la plus peuplée, est la plus exposée à toutes les formes des crises politiques depuis les premières heures de l’indépendance. L’histoire de ses crises remonte après la rébellion muleliste de 1964. Cette dernière fut le théâtre de toutes les factions rebelles de 1998 à 2003. Les conséquences de ces turpitudes sont incalculables sur la vie de la population devenue plus pauvre qu’avant. Les conflits interethniques dans la province de l’Ituri ont davantage plongé la population de cette partie du territoire national dans une misère aiguë.

Contexte institutionnel

Après le démembrement, vient ensuite des interminables crises interinstitutionnelles au sein de ces nouvelles provinces caractérisées par une bataille rangée entre les exécutifs provinciaux et l’assemblée provinciale. Seule la province du Haut-Uélé échappe jusque là à cette tempête, même si certaines voix s’élèvent déjà pour réclamer le départ de Baseana. Les provinces de la Tshopo, de l’ituri et du Bas-Uélé en sont championnes. Ces provinces viennent de faire tomber leurs gouvernements via des motions à deux reprises. L’on se souviendra que c’est par les deuxièmes motions des assemblées provinciales de la Tshopo, Ituri et Bas-Uélé que Louis-Marie Walle Lufungula, Jean Bamanisa Saidi et Valentin Senga furent déboutés.  

En lieu et place de stabiliser les économies et booster le développement, les provinces issues de la province orientale n’ont eu qu’à changer des gouverneurs comme qui dirait, habiller saint Paul pour déshabiller saint Pierre. C’est ainsi que la Tshopo en six ans a connue 3 gouverneurs et un commissaire spécial, l’Ituri ; un commissaire spécial et 2 gouverneurs (le troisième à venir après l’état de siège), le Bas-Uélé ; 1 commissaire spécial et 2 gouverneurs et enfin, le Haut-Uélé ; 1 commissaire spécial et 2 gouverneurs.

Contexte économique

Cependant, les provinces issues du démembrement de la province orientale, se situant dans les principaux groupes de sols tropicaux ferralitiques riches en fer et en alumine, devraient capitaliser cet acquis pour créer le boom agricole et devenir ainsi le grenier de la RDC. L’ex Province orientale est subdivisée en trois zones phyto- géographique : la forêt équatoriale dense et humide (350.000 Km de superficie) dans la province de la Tshopo, la savane au Nord des Uélé et à l’Est de l’Ituri ; et la végétation hétérogène d’altitude. Elle est presque entièrement située dans le bassin du fleuve Congo, à part certaines parties des Territoires de Aru, Mahagi, Djugu et Irumu qui, à l’Est, font partie du bassin du Nil.

Malgré les potentialités naturelles et du sous- sol énormes dont disposent les provinces issues de la grande orientale (or, diamant, fer, pétrole, forêt, cours d’eau, etc.…), ces dernières sont incapables de propulser la croissance économique et le développement durable de la population. Malheureusement, toutes ces richesses sont spoliées pendant les conflits armés et ne profitent pas suffisamment à la population.

 Néanmoins, pourle législateur, le démembrement a pour objectif de rapprocher les gouvernants des gouvernés mais aussi permettre le développement de toutes ces entités.A son avènement, le démembrement a constitué un espoir pour les populations de l’ex province orientale. Nombreux sont ceux qui ont cru à cette thèse. Du coup, une lueur d’espoir pour un lendemain meilleur et prospère pour tout habitant de l’espace grande orientale. Cet espoir fondé sur le développement était dû du fait que les autorités étaient accusées de ne s’occuper que des grands centres au détriment des coins lointains ou des territoires.

Après combien d’années peut – on voir le décollage des provinces issues de la grande orientale ? La question reste pendante A chacun d’y répondre.

Jean-Claude Fundi

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