Tshopo : Identification et enrôlement des électeurs aux allures des campagnes électorales.
Le Go des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs a été donné le jeudi 16 février 2023 dans l’aire opérationnelle 3. La province de la Tshopo, à l’instar d’autres provinces situées dans cette aire, est entrée en danse. Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, Denis Kadima, a rehaussé de sa présence le lancement de ces opérations dans la ville de Kisangani.
Sur terrain, dans les grandes artères de la ville de Kisangani, on peut voir, par – ci par – là, des affiches et banderoles portant des photos de certaines personnes et invitant les gens à aller s’enrôler massivement. Les photos sur ces affiches et banderoles sont celles des politiciens, des responsables des différentes fondations qui naissent comme des champignons, des plusieurs autres personnes qui, selon les informations en notre possession, se seraient déclarées déjà candidats aux prochaines échéances électorales.
« …les amis de…. , la fondation telle….,, vous invite à vous enrôler massivement… ». Ce sont des phrases de cette nature qu’on peut lire sur ces calicots, affiches et banderoles, écrite aux côtés de la photo d’une personne. Jusque là, ça ne dérange pas, car on voudrait voir les gens s’enrôler massivement.
Ce qui est inquiétant, ce sont les caravanes motorisées, cortèges et les marées humaines qui accompagnent certaines personnes qui sont qualifiées, à tort ou à raison, de « leader ». Ces cortèges circulent dans quelques grandes artères, avec tambours et trompettes, avant de se diriger vers un centre d’identification, et le leader peut s’enrôler sous les ovations de ses fans.
Et sur les réseaux sociaux, on peut déjà remarqué la création des groupes whatsap portant nom de telle ou telle autres personne. Déjà dans ces groupes des débats vont bon train sur les prochaines échéances électorales. On se croirait dans une période de pré – campagne.
Des observateurs avertis se posent des questions pour savoir si le go de la campagne électorale est déjà donné.
Pour Jean Claude Fundi Assumani, responsable du média en ligne www.boyomainfo.com, il y a trois paramètres à prendre en compte : des personnes en quête du populisme ; des jeunes gens n’ont pas de travail et qui trouvent l’occasion d’avoir quelques billets de banque auprès des donateurs ; et des potentiels candidats aux prochaines élections, qui trouvent l’occasion de démontrer au public et à leurs adversaires, qu’ils sont populaires et c’est une façon de prouver qu’ils seront demain élu.
« …Mais aussi, ces images sont utilisées pour montrer à leurs mentors, le degré de leur popularité dans une entité quelconque afin de gagner le soutien de leur part. Au finish, il ne s’agit que des activités trompe œil et la quête du populisme. Et pour cela, les politiciens mettent du paquet… »
L’enrôlement des électeurs est le premier grand rendez-vous du processus électoral. Mais lorsque cela se fait avec tambour battant, je ne comprends plus rien, explique la responsable du média en ligne www.habariyaamani.net, Lydie Makuru Asimwe.
« …A mon avis, les candidats aux élections qui mobilisent la population restent confiant que cette mobilisation est déjà gage d’une victoire pour eux. Pourtant ils se trompent, les mêmes personnes avec trompette sont derrière chaque candidat qui les sollicite. Mais il faut aussi dire que les hommes politiques rivalisent déjà d’ardeur dans la sensibilisation des militants pour l’enrôlement afin d’amasser un bon nombre des électeurs… »
Le député provincial, Dedosh Lusangi Aziz estime qu’il y a du positif dans cette démarche qu’il qualifie de négative. Il explique que l’enrôlement est individuel et obligatoire pour tous congolais, surtout que les cartes seront utilisées comme pièces nécessaire et obligatoire pour acquérir les cartes d’identifications. Dedosh Lusangi soutient qu’il leur est demandé aussi, en tant que représentants de la province, de sensibiliser la population à l’enrôlement massif pour permettre à notre province d’avoir plus de sièges tant au niveau national que provincial.
« …Logiquement un leader qui va se faire enrôler avec une foule, c’est une démarche sensée faire enrôler toutes ces personnes et non juste les utiliser pour impacter son influence. Malheureusement ce qu’on voit aujourd’hui c’est le contraire. Aujourd’hui c’est une démonstration de force d’un politicien... », regrette-t-il.
La situation devient très délicate si les foules qui accompagnent ces leaders, n’y vont que pour de l’argent.
« …Ya biso nini ? Baza na bango, balingi ba dépenser. Biso toza na crise. Tokozua na biso. Eza mbongo ya Congo… » (En quoi cela nous concerne ? Ils ont de l’aregnt et il sveulent dépenser. Nous souffrons et nous prendrons cet argent. C’est l’argent du Congo)
Selon Maître Joël Mapatano, Avocat au Barreau de Bukavu et Conseiller juridique à la CENI, dans sa publication « la campagne électorale dans le droit congolais », les durées de campagne pour les élections directes sont fixées de la manière suivante : la durée de la campagne électorale pour les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales est de trente jours.
Certes, plusieurs prétendront qu’il ne s’agit que de l’identification et l’enrôlement des électeurs. Mais l’on comprend aisément que certaines personnes utilisent cette période pour se présenter à la population comme candidat, et, déjà, se faire connaître.
Il est temps que la CENI et le CSAC se penchent sur cette manière de faire.
Ma Gloire BOLUNDA
Un bel article qui peut interpeller la conscience de la classe politique congolaise. Si seulement cette dernière prend même une minute pour nous lire