Tshopo : Tropenbos se lance dans l’éducation à l’entrepreneuriat agricole des cultures pérennes (Publi-reportage)
Pour préparer l’insertion des producteurs agricoles de la Tshopo sur les marchés nationaux, sous-régionaux et même internationaux, il s’est tenu à Kisangani du 02 au 04 août 2021, une formation de 36 agriculteurs d’exploitations familiales entrepreneurs potentiels des cultures de caféier, cacaoyer et palmier à huile. Ils ont appris comment développer une entreprise agricole par le processus d’analyse et le développement des marchés. C’est dans le cadre du projet intégré REDD+ Oriental, PIREDD-O en sigle, qui intervient dans les provinces de Bas-Uélé, l’Ituri et la Tshopo.
Il est évident que la pauvreté est essentiellement rurale et les ménages les plus affectés sont les agriculteurs. Située au nord-est de la république démocratique du Congo, la Tshopo est la première province forestière avec 19,82 Mha à côté de Bas-Uélé (13,56 Mha), Equateur (9,61 Mha), le Sankuru (9,31 Mha)… Ces forêts riches en biodiversité devraient contribuer au développement socio économique du pays. Mais, en 15 ans soit de 2000 à 2014, les études montrent que la province de la Tshopo a perdu plus 300 Km² de ses forets (moyenne annuelle de 20 Km²).
En octobre 2019, la province de la Tshopo s’est dotée du plan provincial d’investissement agricole (PPIA) 2020-2024, a l’issue des états généraux de l’agriculture. 16 filières ont été retenues pour faire de cette province un grenier agricole de la RDC, notamment le denveloppement de palmier à huile, café, cacao.
Pour se faire, PIREDD-O, a, depuis juin 2020, sélectionné un consortium de six ONGs (CARITAS Développement-Isangi, APILAF, GTDE, CEREPSAN, ADRE) piloté par Tropenbos RD Congo avec la collaboration technique du PNUD pour exécuter ce projet dans la province de la Tshopo (territoires de Bafwasende, Isangi et Ubundu). Signalons que, dans ses débuts en 2016 le projet était exécuté par le PNUD.
61 terroirs ou groupes villageois, réunissant beaucoup des ménages agricoles, intègrent progressivement de façon durable les cultures pérennes à fort potentiels du marché aux côtés des cultures vivrières sollicitées par les communautés locales.
Cacaoyer des rêves d’un avenir meilleur
Il s’observe une ruée des exploitations familiales aux plantules et semences de base. Au PK 49 sur la route Lubutu, dans le territoire d’Ubundu, c’est une ancienne plantation de palmier à huile en état d’abandon, qui ressemble à un terrain de football bien entretenue. Sous son ombrage des jeunes plantes de cacao poussent à merveille. La famille propriétaire de cette plantation affirme que désormais, le nombre de régimes de palmier à huile qu’ils récoltent est passé de 4 à 8 par semaine. « Nous entretenons notre plantation 4 fois par an, contre une ou deux fois avant », fait savoir NGOY LISONGO Victor avec ses ainés qui veillent à l’entretien de leur plantation.
Alain NZAMBE, fier de son tout premier champ de cacao de variété de Forastero et Criollo, en face de son habitation, au point 29, sur la RN4 dans le territoire de Bafwasende, découvre ce qui va assurer sa retraite.
« En trois ans, je rêve les prouesses de la Cote d’Ivoire en production de Cacao. Les acheteurs passent régulièrement sur cette route », se rassure-t-il, sourire aux lèvres.
C’est cet enthousiasme qui justifie des formations supplémentaires qu’offre le projet PIREDD-O dans une perspective de la durabilité.
Pour Sagesse NZIAVAKE, coordonatrice scientifique de Tropenbos RD Congo,
« ils doivent tirer profit de leurs forêts et les accompagner à s’organiser en petites entreprises agricoles individuelles ou collectives ».
Dans ce processus du soutien au secteur agricole, le projet PIREDD-O envisage offrir aux populations rurales des conditions pour améliorer leurs moyens d’existantes en garantissant des opportunités à un accès équitable aux marchés des cultures pérennes et vivrières à forte potentialité du marché. L’iintégration dans le marché a, bien sûr, des défis de compétitivité et de modernisation. L’Ingénieur Quadratus MUGANZA, de l’union paysanne pour le développement de Kisangani, UPDKIS en sigle, pour éviter les monopoles de vente de cacao à Kisangani, propose la création et l’émergence des coopératives spécialisées.
Palmiers à huile revalorisés
La cour de la résidence du chef de secteur Yalikandja Yanonge, BOTOMOITO Jean-Pierre, dans le territoire d’Isangi (60 km de Kisangani en aval du fleuve Congo), change de visage. Une grande pépinière de palmier à huile de la variété Tenera, est à l’attente d’être transplanté dans les champs individuels.
Sur la RN4, au PK 147 dans le territoire de Bafwasende, LIKANGOLA Goliath Sylvain, chef de groupement Bafwatende 2, déclare qu’après plus de deux décennies de rareté du diamant dans cette forêt qui regorgeait beaucoup des carrés miniers, tout son espoir repose sur les nouvelles cultures pérennes.
« Mon ambition est de faire de ce groupement grand fournisseur de l’huile de palme pour nourrir l’Est », fait savoir LIKANGOLA Goliath Sylvain, à côté de son bureau en construction avec l’appui du projet PIREDD O. Le long de cette route on y trouve beaucoup des presses à huiles de palme.
Le Professeur Alphonse MAINDO, directeur pays de Tropenbos RD Congo, trouve aberrant qu’à Kisangani on consomme l’huile de palme produite en Malaisie. Le schéma provincial d’aménagement des territoires et cartes d’utilisation des terres dans la province de la Tshopo produit en mars 2020 dans le cadre du projet PIREDD-O, a proposé la relance des plantations agricoles abandonnées et promouvoir l’agro-business dans les zones dégradées.
« Il faut redonner une nouvelle vie aux forêts abandonnées pour diminuer la pression sur la forêt », fait savoir David ANGBONGI, superviseur de ces activités pour le compte de Tropenbos.
Pour faire du secteur agricole un pilier de la croissance économique de la RDC en réduisant son impact négatif sur la forêt, le projet a mise en place 152 pépinières, dont 17 pour le café, 67 de cacao et 68 de palmier à huile. Au total 286.486 plantules de palmiers à huile sont disponibles pour couvrir 2075 ha, dont 234 à Bafwasende, 322 à Ubundu et 1394 ha à Isangi.
Cultures vivrières
Avec une population rurale abondante et travailleuse, la province de la Tshopo d’une superficie de 199.567 Km² la plus vaste de la RDC, a tout pour réussir sa vocation agricole naturelle. Malgré ses potentialités agricoles, la Tshopo continue à importer pour couvrir ses besoins alimentaires. Selon les données publiées lors des états généraux de l’agriculture, cette province produit, pour illustration, 94.118 T de riz blanc contre une consommation de 180.240 T, soit un déficit de 47,8%.
Voilà pourquoi le projet PIREDD O a rendu disponibles des semences de base de paddy, d’arachides et maïs en provenance de l’INERA-Yangambi pour accroître la production agricole et améliorer les revenus des ménages ruraux. Les bénéficiaires font du métayage (système de ristourne) pour répercuter les bonnes semences à plus des agriculteurs.
Les pratiques agricoles de ces cultures à faible impact sur l’environnement, sont dispensées par les agents de Tropenbos.
« C’est pour préparer le sol, la rotation culturale et le maintien du couvert végétal avec du paillis ou des plantes vivantes à près défrichage », démontre LODI MANGONDO, ingénieur agronome assistant de terrain dans le territoire d’Ubundu.
Appui à la gouvernance locale
Le projet PIREDD-O financé par le Fonds national REDD+ FONAREDD en sigle, à travers l’appui de la CAFI (Central African Forest Initiative ou initiative pour la forêt de l’Afrique centrale) fait intervenir, non seulement les petits producteurs agricoles, mais aussi les autorités locales grâce à des structures localement bien encrées pour la dynamique communautaire.
Jusqu’en début août 2021, la transplantation des plantules de cacaoyer et huile de palme se poursuit des prés – pépinières vers les pépinières et des pépinières vers les plantations. Tout de même, le transport de ces plantules est pénible au regard de longue distance qui sépare les pépinières vers les plantations. Certains sont obligés de transporter à la tête ou au dos les plantules des cacaos à des longues distances.
OLENDJEKE BOLUWA, président du comité villageois de développement de Yaoseko (PK 34 route Yangambi) explique,
« nos enfants, qui sont censés nous aider pour les travaux agricoles, vont aussi à l’école. Les travaux des cultures pérennes sont difficiles quand vous n’avez pas d’argent pour la main d’œuvre. ».
Ils luttent d’abord pour leurs besoins familiaux, la nourriture et les soins de santé.
C’est ici aussi intervient l’importance des comités locaux de développement, CLD, constitués dans les villages et secteurs/chefferies. Certains sont très dynamiques à l’instar de celui du village Yaoseko qui, face à la pénibilité des travaux, s’est résolu d’ajouter la culture des selleries.
« Nous avons initiés deux champs de céleris. L’argent de la vente servira à payer la main d’œuvre de nos cultures pérennes. Le second sera destiné à la remise en état de l’unique puis d’eau et à l’achat des produits pharmaceutiques de centre de santé », explique OLENDJEKE BOLUWA, président de CLD Yaoseko.
Ernest MUKULI