Une éclaircie dans la grisaille (Tribune de José Nawej)
Un pied de nez à la sinistrose ambiante ? Qui s’en plaindrait ? C’est même bon pour le moral. Tel est le cas de la levée du couvre-feu. Un archétype de mesure » prête-à- porter » qui aura plus nui à des Congolais somnambules par nécessité que contribué à la lutte contre la covid-1… Car, si en Europe le couvre-feu nocturne se justifiait, sous les tropiques rd congolaises, cette recette était inappropriée.
Plus grave, elle avait même tout de ce remède qui s’avère plus dangereux que le mal qu’il est censé soigner. Abonnés contre leur gré à la débrouillardise, les Kinois sont souvent obligés de jouer le temps additionnel voire les prolongations -le fameux « nzombo le soir »– pour trouver la pitance journalière.
Dans les bas quartiers de la tentaculaire Kinshasa, il n’est pas inhabituel que le repas principal « tombe » aux heures très avancées de la nuit ! Un sacré défi que la précarité proverbiale lance à l’horaire biologique classique. Une réalité existentielle -façon survie- à valeur de contre-expertise concrète pour les cols blancs qui avaient suggéré le couvre-feu.
A contrario, la promiscuité diurne dans des bus bondés, des marchés, lors des meetings politiques…quotidiens faisait toujours florès. Si bien qu’il n’était plus nécessaire de convoquer René Descartes pour percer la rationalité sanitaire du couvre-feu nocturne.
Sans jeter le bébé avec l’eau du bain, on peut tout de même se féliciter de ce que la mesure ait ramené des inconditionnels des boîtes de nuit à la maison. Encore que… Dans la même veine, le couvre-feu a eu pour effet la diminution voire la disparition des nuisances sonores aux heures du sommeil. La ville aux mille facettes qu’est Kinshasa a gagné en salubrité… morale.
Les frères et sœurs en… » crise » apprécieront. Ça, c’est une autre histoire.
José NAWEJ