Vous avez dit « opposition ya pete » ? (Tribune de José Nawej)

Fils de l’opposant suprême, Fatshi avait eu cette formule mi français, mi lingala facile : « opposition ya pete ».  Une opposition molle, confidentielle, anecdotique et même désincarnée. Bref, une espèce d’opposition de témoignage. A mille lieues de l’opposition qu’ont  incarnée des décennies durant l’UDPS et son icône Etienne Tshisekedi. En clair, entre cette opposition-là et l’opposition actuelle, il n’y a pas photo. C’est comme le jour et la nuit.

 D’où vient alors que face à une opposition  « molle » ,  on en arrive à l’usage disproportionné de la force ? Avait-t-on vraiment besoin de mobiliser autant de forces de l’ordre -en uniforme comme en tenue camouflée- pour contenir une opposition  « molle » ? Etait-il vraiment nécessaire de barrer la route au convoi d’un opposant  « mou » en partance pour le Kongo central ? Valait-il la peine de déployer  moult ceintures de policiers avec camions pour sanctuariser le siège de la CENI face à des opposants… inoffensifs, des  « mbwas ya kopal » (chiens inoffensifs, NDLR), diraient les Kinois?

Ces interrogations à forte saveur  d’oxymore sonnent comme autant de preuves par l’absurde que, depuis le 20 mai, l’opposition rd congolaise a déchiré le certificat de  « mollesse ». Elle donne de la voix, bat le pavé ou ce qui y ressemble, et fait réagir les chancelleries occidentales. Autant de hauts faits d’armes dont se prévalaient les opposants d’avant-hier et d’hier.

Une semaine a suffi pour que l’opposition dicte l’actualité rd congolaise. En langage branché, on parlerait du buzz. Pour sûr, il y aura un avant et un après 20 mai 2023.

Une fois que l’on a reconnu ce réveil d’opposants congolais, il restera le plus dur.  A savoir l’unité ou l’union dans la durée et surtout l’élaboration d’une offre politique pour éviter une autre alternance sans alternative.

Il ne suffit pas d’avoir une opposition qui manifeste bruyamment matin, midi et soir sur fond d’un nihilisme systémique et systématique. Les Congolais ont fait l’expérience de ce genre d’opposition dite « radicale ». Le hic consiste à  disposer d’un programme cohérent et structurant avec des hommes aptes à le mettre en œuvre. 

José NAWEJ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close

Catégories

error: Content is protected !!