Arbitre, mais pas que … (Tribune de José Nawej).
Pas la peine de recourir au bon vieux microscope pour dénicher, tel un microbe, l’impasse sur le front de la désignation des animateurs de la CENI. Encore moins d’emprunter des lunettes spéciales chez son ophtalmo, son opticien ou le marchand du coin qui en tient lieu.
Le blocage est bel et bien visible à l’œil nu. A moins de fermer délibérément les yeux pour ne pas regarder la réalité en face. Ou carrément d’opter pour la politique de l’autruche.
Heureusement que la constitution en vigueur a prévu un arbitre en la personne du Président de la république, garant du fonctionnement régulier des institutions. Les hiérarques religieux catholiques et protestants ne se sont pas trompés en sollicitant l’implication du chef de l’Etat. Lui dont le pouvoir d’investiture du Président -désigné et entériné – de la Centrale électorale a valeur de droit de veto.
Vivement donc l’arbitrage du numéro 1 rd congolais ? Assurément. L’abc de la loi fondamentale le veut ainsi.
Reste que « notre Fatshi national » n’est pas que l’arbitre constitutionnel. Il est aussi à la fois coach à la manière de l’argentin Hector Cuper, capitaine à l’instar de Marcel Tisserrand et joueur comme Cédric Bakambu ! En clair, Félix-Antoine Tshisekedi constitue à la fois la solution et une partie du problème.
Là est toute l’ambiguïté de la praxis politique inhérente au régime semi présidentiel ou semi parlementaire. Equivocité qui n’est pas spécifique à la RDC. Même la France n’échappe pas à cette ambivalence au niveau des casquettes du Président de la république qui, en réalité sauf en période de cohabitation, est aussi le patron de la famille politique au pouvoir. Donc forcément gêné aux entournures lorsque des cas d’arbitrage des différends politiques voire politiciens se posent et s’imposent.
Là réside tout l’intérêt de la notion de statut et de rôle chère au sociologue français Jean Stoetzel. En l’occurrence, s’il a enfilé le costume présidentiel depuis le 24 janvier 2019, Tshisekedi-fils n’en est pas moins à la tête de son clan politique et n’en est pas moins surtout candidat à sa propre succession. Or, les tiraillements en cours ont pour enjeu la présidentielle de 2023 à laquelle justement Fatshi est partie prenante.
Difficile donc pour lui de n’être qu’arbitre pour un match qu’il tient à gagner… à tout prix. Moralité, de même que l’on n’a pas besoin de microscope pour voir le blocage, de même on ne saurait attendre la prescription des lunettes médicales pour se rendre compte de limites du rôle d’arbitre qui sied au chef de l’Etat.
Comment arbitrer un match entre son équipe et la formation adverse ? Comment déjuger les stratégies de son propre camp ? Aux parieurs et autres bookmakers de Lubumbashi où se joue cet après-midi le match RDC-Tanzanie de se prononcer.
José NAWEJ