De Blinken à Kabund… (Tribune de José Nawej).

Ni miracle ni oracle made in USA. Plutôt le minimum syndical. Pas de condamnation du Rwanda pour la présence confirmée- par les experts de l’ONU- de son armée sur le sol rd congolais. Pas de demande de retrait des troupes rwandaises et de leurs supplétifs estampillés M23 des territoires conquis dont l’emblématique Bunagana. Pour toute position, Washington s’en remet aux médiations régionales en cours.

Ceux des Congolais qui espéraient voir Antony Blinken faire bouger les plaques tectoniques dans les Grands lacs en ont pour leur naïveté. Ou, pour être gentil, pour leur candeur. Ce n’est ni par commisération ni par charité que la posture américaine évoluera comme par enchantement. L’agenda des Etats-Unis est dicté par des intérêts géostratégiques à rebours de la conception angélique ou personnalisée que nombre de dirigeants rd congolais ont encore des rapports entre Etats. Surtout dans les rapports avec les puissances occidentales.

Plutôt que d’ériger des murs de lamentation sur l’agression et d’être constamment dans l’incantation sur le même sujet, il importe d’opter pour le seul langage usité en relations internationales. Question de s’entendre. Histoire surtout de se faire respecter. A savoir le rapport de force. Il passe par l’investissement dans l’armée et la mobilisation de l’opinion intérieure.

En une semaine de manifestations, la rue kivutienne a fait bouger les lignes bien plus que des années de requêtes diplomatiques de Kinshasa pour le retrait de la MONUSCO!

Problème, comment mobiliser les Congolais autour de la sacro-sainte défense de la patrie dans un contexte où l’épée de Damoclès de Makala plane de plus en plus sur toutes les voix discordantes ?

Hasard du calendrier certes, mais néanmoins coïncidence pas très heureuse, pendant que l’Américain Blinken devisait avec le gotha de l’establishment rd congolais, le député Jean-Marc Kabund prenait la route de la prison. Sans chercher à béatifier encore moins à canoniser celui que l’on appelle « maître-nageur« , le moins que l’on puisse dire est que son arrestation allonge la liste de ceux qui se retrouvent en taule pour des raisons peu ou prou …politiques voire politiciennes. Comble de paradoxe pour le parti au pouvoir dont le combat politique avait pour fil d’Ariane la démocratie et toutes ses dérivées.

Au finish, ce n’était pas un « super Tuesday » à Kinshasa. Désenchantement pour ceux qui croyaient au « rêve américain » dans les Grands lacs et noyade pour le co-parrain de la traversée du Rubicon à l’Assemblée nationale connue sous l’expression pudique ou politiquement correcte de « requalification de la majorité parlementaire« .

José NAWEJ

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