Election de gouverneur à la Tshopo ; les états majors des candidats en guerre effrénée (tribune de Jean-Claude Fundi).
Matin, midi, soir et toute la nuit, les gens louvoient sous la toile, vocifèrent, gambadent, font entendre des longs ricanements. Ces personnes, sans retenue, exagèrent-elles ?
Mais elles ignorent qu’après six années d’existence, la province de la Tshopo évolue à un rythme effréné et dans un climat particulièrement chaotique. Les habitants de la Tshopo espèrent que les leçons seront tirées au vue des élections passées.
Que se passe-t-il ?
A chaque situation politique, naît une réaction politique équivalente. Une règle pourtant acceptable dans toute société politique. L’histoire politique est trop souvent marquée par différents vents impérieux; pourtant, certaines spécificités historiques attirent davantage l’attention à cause de leur ampleur et multiplicité aux conséquences profondes.
Il a fallu attendre la publication du calendrier des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de 14 provinces à problème pour voir les médias sociaux de la Tshopo en ébullition. Alors que la Tshopo traverse une douloureuse période de son histoire politique, la succession à Louis-Marie Walle Lufungula s’annonce rude et les états-majors entrent en danse.
Le calendrier de la CENI publié vers fin octobre vient bouillonner les choses. Des agitations sont palpables dans les camps des candidats. Une véritable guerre sans merci s’est ouverte où tout est permis. C’est dans les groupes WhatsApp se reconnaissant de la Tshopo où le jeu se joue. Certains vantent les prouesses de leurs candidats, d’autres présentent les leurs comme solution pour les problèmes de la Tshopo ; pire encore, d’autres ont trouvé un sacré boulot à longueur des journées pour calomnier, diffamer voire proférer des injures à l’endroit de certains candidats au poste de gouverneur. Et comme les médias sociaux ne sont presque pas réglementés, il n’existe ni arbitre moins encore des sapeurs pompiers.
Plus grave encore, le fil tribal refait surface. Le débat sur la Tshopolité, qui prend de l’ampleur, a tendance à l’emporter sur le vrai débat d’idées. Certains candidats sont pointés du doigt par les états-majors d’autres candidats. A longueur des journées, ces chantres de la territoriale des originaires ne cachent plus leur plan. A tort ou à raison, dans leurs démarches, ils mettent au premier plan l’appartenance à la Tshopo comme premier critère d’éligibilité.
« Il faut être à tout prix né d’un père et d’une mère originaire de la Tshopo pour accéder au gouvernorat« , insistent-ils.
A suivre des débats autour de cette question, les propagandistes de cette thèse disent avoir la bénédiction de certains notables et/ou les wazee de la province. D’ailleurs une candidate est prise en partie. On a même vu ses documents académiques circuler dans les réseaux sociaux, alors que pour d’autres, cet acharnement n’est pas au rendez-vous.
Les débats houleux parfois déviationnistes ne sont pas recadrés par les autres membres qui assistent impuissants, moins encore les administrateurs sensés rester au milieu du village. Est-ce de la complicité ? difficile pour nous de répondre à ce stade à cette épineuse question.
A cette guerre périlleuse et qui ne peut nullement bénéficier à la province, les principaux protagonistes sont les jeunes.
Emiettés en des petits groupes, la jeunesse Tshopolaise ne parle presque plus le même langage face à leur destin et au devenir de la province. Les amis d’hier sont devenus ennemis aujourd’hui. Et comme des ennemis éternels n’existent pas en politique, les ennemis d’hier sont devenus des alliés aujourd’hui.
A dire vrai, la province est dans l’impasse. Chacun cherche à résoudre ses propres problèmes au détriment de l’intérêt collectif, d’où le soutien à tel ou tel candidat dans la promesse de trouver dividende après bataille.
Communication politique des candidats, pour quelle fin ?
Sur les 8 candidats au poste de gouverneur dans la province de la Tshopo, tout observateur averti donnera une note en dessous de la moyenne aux différents communicateurs. Pendant que certains usent de la communication agressive, d’autres encaissent et d’autres piqués comme une mouche, tombent à la tentation et perdent pédale.
Faudra-t-il rappelé que la communication politique constitue l’instrument par excellence de transmission de message utilisé dans une société politique, non seulement pour asseoir ses idéaux mais pour ainsi occasionner une adhésion massive de sa population ?
Les différents candidats au poste de gouverneur à la Tshopo devraient plutôt avoir des structures organisées caractérisées résolument par une interaction avec les élus du peuple mais aussi se faire accepter par la population.
En lieu et place de nous rabâcher les oreilles par des débats stériles, ceux qui se font passer pour les communicateurs des candidats devront fournir l’information nécessaire sur les grands axes de leurs maitres à penser même si l’exercice serait réservé aux députés, principaux acteurs dans cette nébuleuse.
Que faut-il dire encore à ce stade si c’est n’est d’appeler les différents protagonistes à la retenue et au respect des candidats même pour ceux ne partageant pas la même vision ?
Jean-Claude Fundi