Et voici le RDTFR ! (Editorial)

Pas la peine de braver les bouchons et autres embouteillages de lundi matin pour aller au ministère de l’Intérieur s’enquérir de la naissance d’une nouvelle plateforme politique. Inutile de chercher à connaître la date de sortie de cet énième regroupement politique. Le sigle RDTFR pour « Rassemblement des décus, des trahis, des frustrés et des révoltés » est en train de se dessiner par petites touches sous nos yeux. L’actualité en charrie les contours. A tout seigneur, tout honneur. Hier à Lubumbashi, Joseph Kabila et Moïse Katumbi se sont plus que serré la main. De par la stature de ces deux hommes, ce rabibochage déborde le cadre du cocon katangais. L’onde de choc de rapprochement se fera sentir à travers tout le pays. Presqu’au même moment, si l’on en croit une photo sur les réseaux sociaux, Faden House ouvrait ses portes à l’ancien homme fort de l’UDPS et de l’Union sacrée Jean-Marc Kabund. Le même Fayulu s’affichait quelques jours plus tôt avec l’ancien Premier ministre Augustin Matata.

En vertu de l’adage selon lequel, les amis de mes amis sont mes amis et les ennemis de mes ennemis, mes amis; on peut subodorer aisément qu’une toile d’araignée se tisse. Avec comme fil d’Ariane, le sentiment d’avoir été soit déçus, trahis ou encore frustrés. C’est selon.

« Trahis » ? Vu de Kingakati, le mot ne paraît pas fort. Le divorce -sans préavis et au mépris du contrat du mariage -prononcé unilatéralement par l’allié « social-démocrate » Fatshi est resté en travers de la gorge de son « frère » et « partenaire » JKK.

« Déçus » ? Ils sont nombreux ceux qui ne cachent plus-à tort ou à raison – leur déception face à la gouvernance Fatshi. Compagnon de lutte du père et surtout du fils depuis Genval, Moise Katumbi est déçu du grand écart entre l’opposant Félix-Antoine et le Président de la république Tshisekedi Tshilombo. La gestion des ambitions au sein de l’Union Sacrée, la haute main sur le processus électoral, le débat toxique sur la congolité…

Pas vraiment de quoi rassurer le leader de Ensemble qui avait -peut-être – perdu de vue que le peuple de l’UDPS jusque dans le Katanga l’adoubait non par adhésion, mais par procuration. Moise Katumbi était bon dans la mesure où il s’opposait à Kabila et ne faisait rien qui fît ombrage à Tshisekedi.

Or, tout en arborant l’emblème USN, le chairman ne faisait pas mystère de son intention de solliciter le bail du Palais de la nation. Ligne rouge à ne pas franchir. Les initiés aux arcanes de l’UDPS connaissent par cœur cette dialectique locale.

« Frustrés » ? Entre frustration et déception, la frontière est, certes, ténue. Dans la plupart des cas, il y a même comme des vases communicants entre les deux sentiments. Ainsi, après avoir été au four et au moulin aussi bien dans le deal ayant accouché de la coalition FCC-CACH que dans la vaste OPA sur la majorité parlementaire, Jean-Marc Kabund peut, de son point de vue, avoir des raisons de se sentir sinon déçu à tout le moins frustré au regard du traitement qui lui a été réservé à la suite, il est vrai, de son crime de « lèse-autorité« .

Dans l’océan des frustrés voire des déçus, le maître- nageur passe pour la partie visible de l’iceberg. Beaucoup au sein de la Fatshisphère, la galaxie tshisekediste et, plus globalement, dans le camp du Pouvoir éprouvent le même sentiment que Jean-Marc Kabund. Enfin, la patrie des révoltés va aussi grossissant. Autour du révolté en chef Martin Fayulu, s’agrègent progressivement selon le principe de sagesse « les ennemis de mon ennemi sont mes amis« .

Alors, au finish, cela donne le RDTFR. Une plateforme nous est-elle née ? C’est tout comme.

José NAWEJ

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